Les 22 et 29 mars prochains, les Réunionnais seront appelés aux urnes pour les élections départementales. À sept semaines de cette échéance électorale, le politologue Yvan Combeau présente les enjeux de ce scrutin. Le prochain conseil départemental comptera 25 cantons et donc 50 édiles (deux élus par canton avec une parité parfaite).
Carte blanche à Yvan Combeau, politologue :
Élections départementales : des scrutins très ouverts
"Dans moins de huit semaines, tous les départements de France seront dotés d’un Conseil départemental. Cette nouvelle assemblée (exit le Conseil général) sera élue les 22 et 29 mars 2015.
À La Réunion, nous allons passer de 49 cantons à 25 cantons. Un cadre nouveau avec des circonscriptions retaillées et dans chaque canton deux élus. Au total, le prochain conseil départemental comptera 50 édiles avec une parité parfaite puisque dans chaque canton le corps électoral devra choisir un binôme réunissant une femme-un homme (pour les deux titulaires et les deux suppléants). Quatre noms composeront donc chaque bulletin. Le scrutin des départemental se resserre sur 25 circonscriptions.
Les joutes prennent une autre échelle couvrant de plus amples territoires électoraux. C’est la première inconnue de cette consultation. Autant les enjeux et les donnes électorales étaient classiquement analysés depuis des décennies dans le format des anciens cantons, autant les nouveaux espaces politiques ouvrent considérablement les marges et les incertitudes.
Le corps électoral, encore actuellement à distance de l’échéance, va graduellement apprendre à considérer les limites nouvelles de la compétition. Et il n’est pas aisé de s’y reconnaître dans le découpage présent. Les repères historiques et politiques ont été éclatés. L’équation si fréquente entre le maire et le conseiller général disparaît.
Face à cette mutation, le corps électoral risque d’avoir pour le moins des hésitations dans la compréhension des paramètres géographiques mais aussi dans l’approche des logiques de binômes et des reconfigurations partisanes qui en découlent. En quelques semaines, l’électeur va devoir recomposer son logiciel départemental et appréhender une consultation électorale grandement modifiée par le législateur.
Dans un contexte déjà marqué par la progression graduelle de l’abstention, les formations politiques, les candidats et les médias….devront faire preuve de pédagogie pour expliquer (il n’est même plus question de justifier) le cadre et le mode de scrutin.
Et cette étape est essentielle au regard de l’importance de ces élections. Sur l’ensemble du pays (et non plus par moitié), le corps électoral va renouveler tout le personnel politique des départements. C’est dire l’impact de ce vote, c’est dire ses conséquences, c’est dire le test national que représentent ces scrutins. L’un des premiers paradoxes de ces batailles électorales, départementales, réside précisément dans ce décalage entre la distance encore marquée du corps électoral, la lenteur de l’entrée en campagne et les effets des résultats électoraux. Les contrecoups électoraux seront du premier ordre pour la vie politique nationale, pour la vie politique réunionnaise. Ils peuvent être estimés dans leurs dimensions départementales et nationales.
Les soirées électorales des 22 et 29 mars vont permettre d’évaluer l’état des forces politiques dans le contexte de ce début d’année, de mesurer les oscillations partisanes, les équilibres au sein de chaque conseil départemental et de dessiner une carte électorale française (trois ans après le début du quinquennat, à deux ans de la présidentielle).
À La Réunion, ces élections sont ouvertes. Ouvertes pour dire incertaines, Ouvertes pour exprimer la conviction que rien n’est assuré, et encore moins garanti et que les ancrages ou les bastions cantonaux d’hier sont dépassés.
Il n’est pas seulement question d’évoquer « les surprises » ou « les possibles étonnements » dans les résultats mais de souligner combien les recompositions, les anticipations, les mouvements au sein de la société politique sont d’actualité à travers la structure des binômes ou les entre-deux-tours.
Bien évidemment l’année politique 2015, avec le rendez-vous majeur des régionales, se prépare dès maintenant. En mars, les élections départementales ont donc une fonction primordiale et un rôle déterminant.