L’hôpital Henri-Mondor de Créteil a été le théâtre d’un grand pas en avant dans l’histoire de la médecine. En effet, l’équipe du Pr Laurent Lantieri a réalisé la première greffe totale de visage au monde sur Jérôme.
L’opération s’est déroulée dans la nuit du 26 au 27 juin. Une dizaine de jours après l’intervention, le Pr Lantiéri assure que son patient de 35 ans va bien. En effet, il n’a fallu que 5 jours pour qu’il ne sorte de réanimation. "Il marche, mange, parle. De la barbe a déjà repoussé sur son nouveau visage", informe le spécialiste.
Des greffes partielles de visage, il y en a déjà eu 12 dans le monde depuis Isabelle Dinoire en 2005, dont 4 à mettre sur le compte du Pr Laurent Lantieri. Le 27 novembre 2005, les professeurs Bernard Devauchelle Jean-Michel et Dubernard ont réussi la première greffe du visage au CHU d’Amiens en effectuant une transplantation nez-lèvres-menton sur la personne d’Isabelle Dinoire, 38 ans, défigurée par son chien.
Mais ce que vient de réussir l’équipe du Pr Lantieri fin juin est encore plus exceptionnel. C’est la première fois que l’on prélève et implante les paupières ainsi que le système lacrymal en plus du nez, du menton, du front et de la bouche. "Il faut vraiment être fou pour faire un truc pareil" a lâché le Pr Lantieri durant l’intervention. Ces mots du prodigue français en disent long sur la prouesse réalisée. "La particularité de cette greffe c’est que nous avons inclus les paupières. Pas uniquement la peau et les muscles releveurs, mais les voies lacrymales", explique le chirurgien. C’était la phase la plus délicate d’une opération marathon qui a duré deux jours.
Atteint de neurofibromatose, une maladie génétique, Jérôme se retrouvait avec une face complètement déformée par de nombreuses tumeurs. La greffe totale qu’il vient de subir lui permettra de retrouver des traits harmonieux. Le nouveau visage de Jérôme ressemblera d’ailleurs à celui qu’il avait avant, et non à la personne décédée sur laquelle il a été prélevé, la peau prenant la forme de l’ossature du receveur. Restent les risques d’infection et de rejet. "Ils arrivent généralement trois à quatre semaines après la greffe, mais sont parfaitement contrôlables", rassure le Pr Lantieri.