A la veille d’une journée de mobilisation des syndicats sur les retraites, le gouvernement a réaffirmé mercredi ne pas vouloir toucher dans l’immédiat aux régimes spéciaux, réformés en 2007, allant dans le sens d’une note de la direction de la SNCF, contestée par la CGT.
PARIS (AFP) - A la veille d’une journée de mobilisation des syndicats sur les retraites, le gouvernement a réaffirmé mercredi ne pas vouloir toucher dans l’immédiat aux régimes spéciaux, réformés en 2007, allant dans le sens d’une note de la direction de la SNCF, contestée par la CGT. Evènement
Le ministre du Travail Eric Woerth a assuré que "nous respecterons à la lettre les engagements qui ont été pris en 2007" concernant les régimes spéciaux, qui "ont été réformés, et considérablement réformés".
"Ils convergent aujourd’hui vers la Fonction publique" et "la peinture est à peine fraîche", donc, "évidemment les critères de la réforme s’appliqueront, mais ils s’appliqueront (...) dans le respect du calendrier des régimes spéciaux", a-t-il ajouté prudemment.
Promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, la réforme des régimes spéciaux - SNCF, RATP, EDF-GDF, Opéra de Paris... - avait entraîné une dizaine de jours de grève dans les transports en novembre 2007.
La précédente tentative de réforme, en 1995, s’était soldée par le plus grand mouvement de grève depuis mai 1968.
La réforme de 2007, consistant en une "harmonisation" progressive de la durée d’assurance des régimes spéciaux avec celle en vigueur dans la Fonction publique, a été mise en oeuvre à partir de mi-2008.
La durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein dans ces régimes a été portée de 37,5 ans à 40 ans en 2012. Puis, lorsqu’il a été décidé en 2008 de porter en 2012 la durée de cotisation du privé et du public de 40 à 41 annuités, il a été prévu d’augmenter celle des régimes spéciaux à 41 annuités en 2016.
Le ministère du Travail a précisé à l’AFP que "les régimes spéciaux sont dans le champ de la réforme en préparation comme les autres", ceux du privé et du public. "L’augmentation de la durée d’activité s’appliquera à tous les Français mais pour les régimes spéciaux ce sera mis en oeuvre une fois leur réforme en cours achevée", a précisé une porte-parole.
A la SNCF, où les quatre syndicats représentatifs ont déposé un préavis de grève pour jeudi pour défendre en particulier le régime spécial des cheminots, qui remonte à 1850, la direction a diffusé mercredi dernier une note dans l’entreprise affirmant que la réforme du gouvernement "n’affectera pas, dans l’immédiat, les régimes spéciaux".
La SNCF a rappelé que la réforme de 2007 "se met en oeuvre de façon très progressive, par exemple, jusqu’en 2016 pour la durée d’assurance, jusqu’en 2018 pour la prise en compte complète de l’effet de la +décote+" c’est-à-dire le mécanisme amplifiant la réduction de la pension des salariés n’ayant pas cotisé suffisamment longtemps.
La CGT-cheminots s’est insurgée contre cette "manoeuvre" de la direction visant, selon le premier syndicat, à "démobiliser" avant la grève.
"Ce qui se décide actuellement pour la Fonction publique nous touchera à un moment donné", a assuré le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste.
Le syndicat redoute notamment que le droit pour les cheminots de partir, mais avec une pension moindre, à la retraite à 55 ans (50 ans pour les conducteurs), qui n’a pas été touché en 2007, soit supprimé.
Pour l’Unsa-cheminots aussi, "le flou entretenu par les décideurs est inquiétant". Pour SUD-Rail, "le gouvernement et la direction essaient de diviser les salariés pour faire passer leurs mauvais coups".
"Le gouvernement ne souhaite pas affoler aujourd’hui la volaille qu’il plumera demain", estime la CFTC, soulignant que la "technique" consistant à "décaler dans le temps la réforme du régime général de celle des régimes spéciaux" a "fait ses preuves" avec l’épisode de 2007.