Alors que les pénuries de médicaments se multiplient en France, l’association des consommateurs pointe du doigt l’attitude des laboratoires et de l’Etat. Ces pénuries concernent en plus des médicaments dits d’intérêt thérapeutique majeur.
En France, les pénuries et tensions dans l’approvisionnement de médicaments se multiplient. D’après une étude de l’UFC-Que Choisir, publiée par les médias ce lundi 9 novembre, ces pénuries ont connu une forte croissance depuis une décennie. L’association des consommateurs évoque une situation alarmante, d’autant plus que les ruptures de stock concernent des médicaments dits d’intérêt thérapeutique majeur (MITM).
En 2010, l’Agence nationale de sécurité du médicament aurait enregistré 132 ruptures de stock sur les 7 500 MITM. Les chiffres sont montés à 405 en 2016, et cette année, 2 400 ruptures devraient être constatées. Le manque de médicaments dits d’intérêt thérapeutique majeur préoccupe encore plus l’UFC-Que Choisir, sachant qu’une " interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients".
L’association note que ces pénuries ne touchent que rarement les molécules récentes, les plus onéreuses. Sur la liste des médicaments signalés en rupture de stock au 15 juillet 2020, les médicaments indisponibles sont surtout des produits anciens. L’étude indique que 75 % des pénuries concernent des médicaments commercialisées depuis plus de 20 ans et peu coûteux (vendus à moins de 25 euros).
L’ UFC-Que Choisir déplore le fait que des laboratoires pharmaceutiques apportent des solutions "rarement à la hauteur des enjeux sanitaires". Il s’avère que dans 30% des situations, certains renvoient vers un autre médicament alors que "les substitutions peuvent entraîner des effets secondaires plus importants". Les patients, surtout les séniors, ont aussi parfois besoin d’un temps d’adaptation à la nouvelle posologie.
La réponse des pouvoirs publics a été également pointée du doigt. L’association souligne la faiblesse des sanctions contre les laboratoires concernant les ruptures de stock. Seules deux sanctions auraient été prononcées par l’ANSM en 2019, mais "uniquement pour défaut d’information", selon Alain Bazot, président de l’UFC, cité par Le Parisien. "La France ne sanctionne pas la pénurie, elle la gère", a-t-il déploré.
Face à l’aggravation de la situation, l’association plaide donc pour plusieurs mesures, dont l’obligation pour les laboratoires de constituer "des stocks suffisants... pour l’ensemble des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur". Elle réclame aussi la possibilité d’une production publique de médicaments, "à même d’assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires".
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