Une toute première enquête réalisée auprès de 1012 enfants âgés de 6 à 15 ans, concernant les jeux du foulard, a révélé que 10% d’entre eux ont déjà testé cette pratique dangereuse. Cette étude a par ailleurs permis de constater que les enfants de cette tranche d’âge ne sont pas véritablement conscients des risques qu’ils encourent en se livrant à ce genre de jeux d’apnée ou d’évanouissement, déclinés sous plusieurs formes. L’Apeas tire ainsi la sonnette d’alarme afin que des mesures préventives soient instaurées pour limiter les dégâts.
Une enquête Ipsos, financée par le ministère de la Santé et effectuée pour l’Association de parents d’enfants accidentés par strangulation(Apeas), a permis d’évaluer le niveau de pratique du « jeu du foulard » ainsi que d’ autres jeux d’évanouissement chez les 6 à 15 ans. Les résultats de cette étude, la première dans son genre, se révèlent plus qu’inquiétants pour l’Apeas qui préconise une prévention précoce ainsi que le lancement d’une véritable enquête épidémiologique, rapporte Le Parisien.
Le « jeu du foulard », sous toutes ses appellations, s’apparente à une pratique anodine, très répandue dans les cours de récré. Cependant, ses conséquences sont très dangereuses voire mortelles pour ceux qui le pratiquent mais malheureusement, peu d’enfants le savent.
Ainsi, sur les 1012 enfants sondés, 51% semblent ne pas être conscients que ces types de jeux sont souvent mortels tandis que 63% ne savent pas que ces pratiques peuvent endommager sévèrement leur cerveau. Par ailleurs, 73% ne connaissent pas les risques de convulsions liés à ces étranglements volontaires et 75% ignorent qu’en se livrant à de tels amusements, ils peuvent rester handicapés.
De plus, un enfant sur dix affirme avoir déjà testé le jeu du foulard et deux enfants sur trois connaissent au moins une de ses variantes tandis qu’un sur quatre déclare avoir déjà vu quelqu’un le pratiquer, souvent à l’école et entre des groupes d’amis.
Cette étude a également permis de savoir que près de deux sur trois des enfants interrogés connaissent au moins un jeu d’étranglement. Ainsi, parmi les quatorze « jeux » testés dans cette enquête, le jeu du foulard et le jeu de la tomate sont les plus connus pour respectivement 51% et 34% des sondés. Et dans la plupart des cas (71%), c’est souvent à l’école primaire, en classes de CE2, CM1 et CM2 que les enfants en ont entendu parler pour la première fois, par des copains.
Par ailleurs, les garçons seraient les plus attirés par ces jeux d’apnée, souvent pratiqués en groupe. Plusieurs d’entre eux, presque la moitié, ont affirmé qu’ils le font parce que c’est une pratique à la mode. Pour 32% les jeux sont rigolos tandis que 16% les apprécient parce qu’ils procurent des effets particuliers, bizarres.
Cependant, certains enfants disent aimer les pratiquer en solitaire et dans ce cas de figure, les risques de décès par strangulations sont plus élevés car personne n’est présent pour arrêter la pression en cas d’évanouissement du sujet. Justement, c’est ce qui est arrivé à Enzo. En juin dernier, sa maman l’a découvert inanimé devant son lit superposé. « Si ça peut arriver à notre fils, ça peut arriver à tout le monde. Je pense qu’il a agi par curiosité. Il faut oser parler des risques », souligne la maman de la victime.
Pour l’Apeas, la situation est plus qu’alarmante et il est temps de faire quelque chose pour interdire ces pratiques dangereuses. « Il faut que les enfants soient informés des risques que représentent l’obstruction de la respiration dès le CE2, car on s’aperçoit que c’est à ce niveau que les enfants commencent à connaître ce type de jeu, estime cette mère de famille. Les cours de biologie sur le cerveau, le cœur pourraient être le moment parfait pour aborder ce sujet », préconise Catherine Vince, vice-présidente de l’Apeas.