Une jeune femme victime de viols collectifs par une vingtaine de pompiers s’est indignée face à la décision de la justice qui requalifie ces agressions en atteinte sexuelle.
En 2010, Julie avait porté plainte contre des agents de pompiers pour des viols qu’elle avait subis quand elle avait 13 et 15 ans. Huit ans après, elle a appris avec mépris que le parquet de Versailles avait demandé en septembre une requalification des actes de viols en atteinte sexuelle.
Le magistrat a énoncé un défaut de consentement qui apparaît insuffisamment caractérisé. Face à cette décision, aujourd’hui âgée de 23 ans, Julie s’est particulièrement indignée. « A cet âge-là, on ne peut en aucun cas donner son consentement pour des rapports sexuels avec 20 personnes qui passent à la suite », a-t-elle souligné. Dans ce contexte alors, les trois pompiers accusés sont inculpés pour un délit passible de sept ans de prison au lieu de vingt ans prévus pour viol aggravé.
La jeune femme a raconté les actes qui ont « détruit » sa vie, selon ses dires. Quand elle avait 13 ans, elle a eu une crise de spasmophilie et a été secouru par P, un pompier parmi les secouristes. Ce dernier l’a recontactée grâce au numéro inscrit sur la fiche d’intervention et pour elle, ils étaient devenus amis. C’était à partir de ce moment que tout a commencé. P. a profité de l’absence de la mère de Julie pour la violer. « Il m’a posée sur le lit, s’est assis à califourchon sur moi et m’a violée, ma vie a été devenue un enfer à partir de cet instant », a-t-elle raconté.
Les faits ne s’arrêtent pas là ; des viols collectifs ont été commis plusieurs fois à plusieurs endroits même dans les toilettes de l’hôpital pédopsychiatrique où elle a été admise. Les pompiers voyaient en elle un objet sexuel, une fille facile. Pourtant, les soldats du feu savaient bien son âge et sa maladie. « Non, je n’étais pas consentante », a-t-elle réitéré. A l’époque, en effet, Julie n’avait pas été dans son état normal, elle avait besoin d’antidépresseurs, de neuroleptiques et d’anxiolytiques. Alors, la jeune fille n’était pas capable de riposter et les agresseurs ont en profité. « J’attendais seulement qu’ils terminent », a-t-elle déploré.
Tous ces actes d’agressions sexuelles ont eu de très mauvaises répercussions sur la vie de Julie. Elle a déjà tenté de se suicider plusieurs fois. Entre 2008 et 2010, 130 interventions des pompiers ont été nécessaires à cause de ses crises d’angoisse et de spasmophilie. « J’ai subi trop d’agressions, et je ne m’en remettrai jamais », a-t-elle évoqué.
Alors 2010, elle a porté plainte contre les pompiers. Ils étaient une vingtaine âgés de 20 à 35 ans. La majorité a reconnu avoir eu des rapports sexuels avec l’adolescente mais en affirmant tous qu’elle était demandeuse. « Je voudrais seulement que la justice fasse son travail », a déclaré la victime. De leur côté, les nouveaux avocats de Julie ont affirmé que ces soldats du feu sont des prédateurs chassant en meute. « Leurs actes doivent être jugés en cour d’assises », ont-ils précisé même si cela ne changera rien dans la vie de leur cliente déjà handicapée à 80%.
(Source : Le Parisien)