Naïma Rudloff, avocate générale près la cour d’appel de Paris ayant requis la perpétuité au cours du procès d’Abdelkader Merah revient sur cette affaire dans un entretien accordé au Point. "Il n’y a pas de loup solitaire", a déclaré cette magistrate chevronnée.
Le procès des attentats de Toulouse-Montauban a été particulièrement émouvant pour Naïma Rudloff en particulier cette confrontation des familles des victimes avec les accusés. L’avocate générale près la cour d’appel de Paris a requis la perpétuité au cours du procès d’Abdelkader Merah. La leçon qu’elle en tire c’est avant tout cette présence des proches des victimes venus effectuer la dernière étape de leur deuil. D’après la magistrate, les familles ont exprimé leur besoin d’être confrontées aux accusés, le besoin d’explication. "Cette attente, ce besoin de confrontation des familles, nous devons en prendre toute la mesure dans le cadre des prochains procès dans lesquels de très nombreuses familles de victimes, lors des attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan et de Nice notamment, sont touchées", a-t-elle souligné en répondant aux questions du journaliste du Point.
En ce qui concerne la théorie du loup solitaire, Naïma Rudloff affirme qu’elle n’a jamais existé ni en 2006 ni aujourd’hui. L’avocate a souligné que le processus de radicalisation reste le même, malgré le changement au sein de l’organisation des réseaux. "Il n’y a pas de loup solitaire, car le djihadisme suppose une allégeance à une organisation ou à un émir", a-t-elle expliqué. Par ailleurs, la magistrate a indiqué qu’il n’y a pas d’auto-radicalisation et de radicalisation expresse comme il a été prouvé dans les attentats de Toulouse-Montauban. Elle a surtout précisé que la radicalisation n’est pas une maladie mentale, mais qu’il s’agit d’individus parfaitement conscients et responsables de leurs actes.
Au sujet des progrès à faire pour mieux appréhender la menace terroriste, Naïma Rudloff évoque l’évaluation de la dangerosité et le degré d’engagement dans une telle idéologie totalitaire. "Une fois que nous avons arrêté ces individus se pose le problème de leur détention. Selon moi, ce point est majeur", a-t-elle déclaré en insistant sur la poursuite d’une culture judiciaire. L’avocate appelle également à un traitement implacable et rigoureux dans la gestion policière et judiciaire des dossiers.
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