La "lâcheté" des juges et de procureurs qui "se planquent" et "jouent les vertueux" : ces propos de François Hollande, rapportés dans le livre "Un président ne devrait pas dire ça", ont suscité une très forte indignation des magistrats. "Ne me jugez pas sur une conversation maladroite avec des journalistes", aurait déclaré le président de la République face aux deux plus hauts magistrats reçus à l’Elysée.
Le premier président et le procureur général de la Cour de cassation se sont rendus mercredi soir à l’Elysée pour obtenir des explications de François Hollande à la suite des vives critiques qu’il aurait formulées envers les magistrats dans son livre confidence "Un président ne devrait pas dire ça" de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. "Cette institution, qui est une institution de lâcheté (...) parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique", a déclaré le chef de l’Etat.
Sans surprise, ces propos ont choqué la magistrature. Le premier président et le procureur général de la Cour de cassation, Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, ont pris rendez-vous à l’Elysée pour obtenir des explications de la part de François Hollande. Les deux plus hauts magistrats de France ont fait l’annonce de ce rendez-vous sur le compte Twitter de la Cour de cassation. "Ils vont demander des explications au chef de l’Etat", a-t-on précisé dans leur entourage. L’Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, s’était auparavant élevée contre ces propos. Dans un communiqué l’USM "demande que les propos sur la lâcheté de l’institution judiciaire soient infirmés ou retirés".
Le Premier président & le Procureur général @Courdecassation rencontrent @fhollande à 20h00 @Elysee suite à #UnPrésidentNeDevraitPasDireCa
— Cour de cassation (@Courdecassation) 12 octobre 2016
Selon les informations d’Europe 1, François Hollande a bel et bien reçu les deux plus hauts magistrats de France à l’Elysée mercredi soir. L’entretien se serait passé dans un climat glacial. Le président n’a pas cherché à démentir ses propos mais a tenté de s’expliquer. "Ne me jugez pas sur une conversation maladroite avec des journalistes. Jugez-moi plutôt sur ce que j’ai fait et dit publiquement depuis mon élection, c’est-à-dire pas la moindre intervention sur le cours de la justice, pas la moindre demande d’information sur des enquêtes en cours et jamais la moindre mise en cause publique du fonctionnement de la justice et des magistrats", aurait-il déclaré. Aucun conseiller n’était au rendez-vous, seul le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas y était.
Selon toujours Europe 1, les explications du chef de l’Etat n’ont pas convaincu les deux magistrats. Ce jeudi, ils comptent prononcer un discours à la Cour de cassation.