Surprotection ou maltraitance ? Le syndrome de Münchhausen par procuration est une véritable pathologie touchant le plus souvent les mères de familles. Ces dernières infligent des sévices à leurs enfants pour les soigner… Delphine Paquereau était victime. Elle raconte dans son livre ’Câlins assassins’.
Elles aiment leurs enfants et pourtant elles en arrivent parfois à les empoisonner, les étouffer, les torturer… Comment l’amour peut-il se transformer en drame ? Le syndrome de Münchhausen par procuration est assez peu connu du grand public. Car il s’agit bien de ce syndrome, touchant plus particulièrement les mères (dans 90% des cas) qui vont jusqu’à infliger des sévices à leurs enfants afin de provoque en eux des symptômes nécessitant des interventions médicales. Dans les cas les plus extrêmes, ces sévices peuvent aller jusqu’à la mort de l’enfant.
Delphine Paquereau (nom d’emprunt) a subi les sévices de sa mère, touchée par ce syndrome. Pendant plus de 15 ans, elle a dû endurer les consultations médicales et médicaments en tout genre alors qu’elle était en parfaite santé. Le média en ligne 20 Minutes est parti à sa rencontre. Agée maintenant de 33 ans, Delphine a témoigné dans un livre intitulé ’Câlins assassins’. Se sentant comme une "rescapée", elle raconte "comment sa mère a manipulé son entourage, y compris médical, pour faire d’elle une enfant souffrante, allant jusqu’à lui faire retirer un rein", rapporte 20 Minutes.
Ce n’est qu’en 2006 que Delphine Paquereau prend conscience que sa mère était une personne dérangée. Devenue maman, elle constate que sa mère s’engageait dans une relation particulière avec sa fille de deux ans. "Ça me dérangeait", confie-t-elle. "Elle était très oppressante, la gardait continuellement sur ses genoux. Un jour, elle l’a gardée. Je l’ai retrouvée dans le lit, soi-disant malade", raconte-t-elle. Delphine abasourdie, décide de comprendre pourquoi sa mère agit ainsi.
Elle entame alors parallèlement des séances de psychanalyse pour remonter dans le temps. Sa vie se révèle compliquée : en tout, elle a assisté à 70 rendez-vous médicaux et subi 12 opérations chirurgicales. Delphine comprendra un peu plus tard pourquoi sa mère la frappait violemment au niveau du rein, "pour mon bien", disait-elle. "Pour que les médecins voient vraiment où j’avais mal". Elle comprend aussi ces allers-retours en milieu hospitalier afin de trouver "les praticiens les plus réceptifs" dans le but de ne pas évoquer les consultations ou opérations précédentes.
Aucun médecin n’a pu remarquer le syndrome de la mère jusqu’à ce que ce praticien y mette un doute. Ce dernier a décelé une "intention malfaisante", se souvient-elle. Le juge pour enfant est alors alerté. Mais la justice ne requiert qu’une assistance éducative pendant un an. Une fois l’année passée, "les maltraitances" ont repris. La mère trouvait que sa fille a d’innombrables problèmes de santé : reins, diabète ou encore tension artérielle…
"Elle m’aimait tellement qu’elle faisait tout ça pour me garder. Pour que je sois dépendante d’elle. Je m’en suis rendu compte quand j’ai rencontré mon mari en 2000. Elle a tout fait pour que je me sépare de lui". Le syndrome de Münchhausen par procuration a tardé à être posé sur sa mère. "Elle est malade mais je lui en veux", clame Delphine. "Aujourd’hui, elle ne se sent pas concernée par la maladie. Elle nie tout en bloc. Pour elle, ce sont les médecins qui affabulent". Sa mère n’a jamais reconnu ses troubles mentaux.
Aujourd’hui, les deux femmes n’ont plus aucune relation. Ce livre-témoignage a permis à Delphine Paquereau d’en finir avec la "relation perverse" que sa mère a instaurée. C’est surtout un moyen d’alerter sur la difficulté de diagnostiquer ce syndrome méconnu, responsable de son enfance chaotique.
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