Mardi soir, l’Assemblée nationale a voté l’inscription du préjudice écologique dans le cadre du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, qui comporte un article consacré aux néonicotinoïdes. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’oppose à "l’interdiction brutale" de ces insecticides et s’en justifie auprès des députés.
L’utilisation des pesticides néonicotinoïdes, présents dans une centaine de produits phytosanitaires, causent des dommages pour l’environnement et la santé humaine, mais plus spécifiquement aux insectes pollinisateurs, affirment scientifiques et ONG. Le texte sur le projet de Loi Biodiversité finalement présenté à l’Assemblée nationale mardi prévoit de les bannir intégralement à compter du 1er janvier 2017 : un signal important au moment de l’entrée en vigueur du plan Ecophyto 2, qui se propose de réduire de moitié l’usage des pesticides avant 2025.
Le 9 mars dernier, la commission du développement durable de l’Assemblée a réintroduit l’interdiction des néonicotinoïdes au 1er janvier 2017 pour tous les usages et toutes les cultures. Au total, 224 députés et 64 sénateurs ont rallié l’appel en faveur d’une interdiction totale. Mais depuis une semaine, pas moins de 45 amendements ont été déposés contre.
Dans une lettre adressée aux députés, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll les incite à ne pas voter en faveur de l’interdiction totale des insecticides néonicotinoïdes, dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité. Une lettre que se sont procurée Le Monde et l’AFP. Le ministre défend "son action volontariste" pour protéger les pollinisateurs, l’objectif n’étant pas selon lui de "multiplier les normes ou les interdictions brutales".
Stéphane Le Foll évoque également les possibles "distorsions entre les agriculteurs français et le reste des agriculteurs européens". Cette action "doit se conduire au bon niveau, au niveau européen, et en tenant compte des alternatives agronomiques disponibles pour lutter efficacement contre les ravageurs des cultures", argumente-t-il. Le ministre de l’Agriculture précise également dans sa lettre que la hausse de 9,4 % des ventes de produits phytosanitaires entre 2013 et 2014 était "due à une augmentation des ventes d’herbicides et de fongicides", mais que "le recours aux néonicotinoïdes baisse de 3 à 4 % en moyenne entre 2011 et 2014".
Une coalition d’apiculteurs et d’ONG ont manifesté mardi devant l’Assemblée nationale. Selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), une centaine de produits phytosanitaires contient des néonicotinoïdes, "pesticides les plus toxiques pour les abeilles en exposition chronique" déplore-t-elle. Selon les chercheurs, en vingt ans, la production du miel a été divisée par deux sur le sol français.
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