Aujourd’hui, il y a plus de 200 millions de filles et femmes concernées par les mutilations génitales féminines. En France, cette pratique concerne 53 000 femmes adultes. Un sujet qui reste "tabou", selon l’association Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles et des mariages forcés (Gams).
La Journée mondiale de lutte contre l’excision sera célébrée le 6 février. L’association Gams se mobilise pour cette 13ème journée. L’association met en avant le dialogue pour parler librement de l’excision et lever le tabou. Si "la parole se libère peu à peu, notamment grâce à la médiatisation de la chirurgie réparatrice dès les années 2000, le sujet reste tabou", explique à 20 Minutes, la directrice générale de la fédération, Isabelle Gillette-Faye.
Dans le monde, plus de 200 millions de femmes sont victimes d’excision, selon un nouveau rapport statistique des Fonds des Nations unises pour l’enfance (UNICEF). Bien que majoritairement constatée dans 29 pays d’Afrique, où l’on estime que 92 millions de filles de 10 ans et plus ont subi une mutilation, cette pratique existe également au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique Latine.
En France, Il y avait en 2004 environ 53 000 femmes excisées dans l’Hexagone selon les estimations de l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ces femmes ont subi ces mutilations avant leur arrivée en France ou lors d’un retour dans leur pays d’origine. Depuis, une trentaine d’années le Gams leur vient en aide. L’association met ainsi en place des ateliers de dialogue dans les centres sociaux ou en milieu scolaire. Ces ateliers sont très importants explique Isabelle Gillette-Faye car "certaines femmes ne savent pas si elles ont été excisées, soit par refoulement, soit parce que l’excision a été faite à un très jeune âge. Elles ont parfois des doutes, mais n’osent pas en parler à leurs proches".
Selon la directrice de l’association, les "efforts de lutte" sont à améliorer puisque chaque année, "1 300 femmes viennent dans l’une des antennes du Gams". "Nous les écoutons et nous les informons notamment des conséquences pour leur santé", insiste Isabelle Gillette-Faye. Les conséquences des mutilations génitales féminines peuvent être dramatiques, surtout au moment où elles sont pratiquées. En France, "elles ont causé la mort de quatre petites filles depuis 1979", déplore-t-elle.
Les femmes traînent toute leur vie les effets de ces mutilations génitales. Plus sujettes aux complications urogénitales, elles ont davantage de risques d’hémorragie, de césarienne et de réanimation du nouveau-né lors de l’accouchement, en particulier si elles ont subi une infibulation. Sans parler des conséquences psychologiques.
L’association se donne également comme objectif de former les professionnels de la santé, les membres d’associations et les agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Ces institutions joueront ainsi le rôle de relais afin de mieux prendre en charge ces femmes victimes de mutilations.
En 2014, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lancé un appel à la Nairobi pour mettre fin à l’excision.
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