Dans une interview exclusive, Xavier Broseta le directeur des ressources humaines d’Air France, revient sur l’agression dont il a été victime.
Chemise arrachée, torse nu, visage hagard, telles étaient les images relayées dans le monde entier après l’agression du DRH d’Air France, Xavier Broseta et de Pierre Plissonnier, DRH du long-courrier. Les faits ont eu lieu le 5 octobre dernier lors du comité central d’entreprise (CCE). Dans une interview exclusive pour Le Parisien, Xavier Broseta est revenu sur cet épisode humiliant.
Dès le début de la réunion, l’ambiance a été déjà tendue, se rappelle-t-il. Tout au long du CCE, Xavier Broseta reçoit des messages lui informant que des manifestants s’approchent du siège. "Tout s’est accéléré ensuite", confie-t-il. "Quelques minutes plus tard, je reçois un SMS d’un collègue qui est dehors, dans la foule : ’Evacuez’". Pour autant, le secrétaire de la séance, un syndicaliste de la CGT, souhaitait poursuivre les discussions. "Mais tout est confus", se souvient-il. "Des représentants syndicaux nous ont demandé de quitter la salle, craignant de ne pouvoir continuer à assurer notre sécurité", raconte Xavier Broseta.
Le PDG d’Air France lui a été évacué à temps. Les autres membres de la direction dont Xavier Broseta et Pierre Plissonnier, ont été quant à eux protégés par des responsables syndicaux. Mais au moment de traverser les couloirs pour aller dans une autre salle, "c’est la cohue", raconte le DRH. "Ça pousse, ça tire. Ma veste se déchire, je la prends dans mes bras avec mes affaires. Nous sommes poursuivis", raconte-t-il.
Dehors sur la pelouse, "quelqu’un m’attrape par derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton du col lâche. On me tire fort vers l’arrière et moi je tire fort dans l’autre sens pour me dégager. Tous les boutons sautent, ma chemise y reste", ajoute-t-il. Avec Pierre Plissonnier, ils escaladeront une grille pour échapper aux manifestants.
Face à de tels comportements, Xavier Broseta se sentait complètement démuni. "Je vois les caméras. Je me dis que ce n’est pas bon pour Air France, pour l’image de la compagnie", a-t-il déploré. Pour autant, il veut aller de l’avant : "ce dont j’ai envie maintenant, c’est de regarder vers l’avenir. Je ne veux pas rester bloqué sur ce truc-là", clame-t-il malgré les traces que cette "folle journée" a eu sur son état psychologique ainsi que sur ses proches.
Après enquête, les auteurs de l’agression ont été identifiés. Au total, 18 salariés ont été concernés par des procédures de sanctions : 12 pour les dégradations de matériel ou ouverture frauduleuse des portes d’accès au siège et 6 pour des agressions physiques. 5 autres personnes sont poursuivies par la justice pour violences en réunion.