La précarité liée au chômage renforce les tensions. Mais paradoxalement, elle empêche les couples de divorcer.
La vie de famille est l’une des victimes du chômage, observe RTL qui relaye plusieurs enquêtes européennes. "Le chômage a, à 75%, eu raison de mon couple", résume Esther, 29 ans, ex-compagne d’un chômeur. Il est évident que la perte d’emploi est synonyme de séisme pour beaucoup de couples, d’après les experts.
En effet, avec plus de 3,5 millions de chômeurs, il y a 350 000 séparations de couple par an. On se demande s’il y a un lien de cause à effet. L’expérience est douloureuse pour l’individu, car il "accroît le risque de ruptures conjugales", comme l’ont montré des études micro-économiques menées dans plusieurs pays européens, explique Anne Solaz, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (INED).
Selon l’experte, il semble qu’en France, un chômage qui tombe dans les premières années de la vie de couple augmente davantage le risque de séparation, tout comme les licenciements individuels, les plans sociaux étant davantage vécus comme "une malchance que comme une remise en cause des compétences".
Didier Lebret, 63 ans, accompagne des chercheurs d’emploi pour l’association Solidarités nouvelles contre le chômage (SNC). Selon lui, "la perte d’un emploi, qui implique un sentiment de grande solitude et de perte de confiance, a forcément un impact fort sur l’intimité".
A en croire plusieurs études macro-économiques américaines, le divorce décline pendant les premières années d’une récession économique, et augmente ensuite. "La séparation coûte cher, c’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de couples séparés continuent dans un premier temps à vivre sous le même toit", souligne la démographe Anne Solaz.