Afin de pallier au manque de médecins exerçant dans les hôpitaux, l’âge pour travailler à l’hôpital pourrait reculer de 68 à 72 ans suite à un amendement au projet de loi Santé.
Comme le révèle le journal Les Echos ce mercredi, un médecin de 72 ans pourrait continuer à exercer si l’amendement gouvernemental au projet de loi Santé visant à limiter l’âge des médecins hospitaliers de 68 à 72 ans est adopté. Cette mesure temporaire limitée jusqu’en 2022 a pour objectif d’atténuer "le choc démographique dans les établissements publics de santé", où certaines spécialités médicales commencent à se faire rares.
Payer des médecins intérimaires à prix d’or
L’amendement déposé par le gouvernement remplace l’article 34 de la loi Santé, portant sur le recours à l’intérim à l’hôpital, souvent trop coûteux. Pour pallier au manque de médecins, et surtout d’anesthésistes, de radiologues ou d’urgentistes, les directions des hôpitaux ont de plus en plus recours à des médecins intérimaires, payés à prix d’or. Un rapport du député PS Olivier Véran, également neurologue au CHU de Grenoble, affirmait en décembre 2013 qu’ils valent chaque année 500 millions d’euros à l’hôpital public. Très sollicités, ces praticiens montent en effet les prix, et peuvent être payés jusqu’à 15 000 euros par mois, soit 2,5 fois plus que le revenu moyen d’un médecin hospitalier. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a alors affirmé qu’elle était "choquée" par cette situation, et avait souhaité y "apporter de la régulation".
Un nouveau statut : celui de "praticien remplaçant titulaire"
Le projet de loi Santé veut donc "introduire plus de transparence et de rigueur dans le recrutement de ces praticiens temporaires en plafonnant leurs revenus". Il vise également à créer un nouveau statut à l’hôpital, celui de "praticien remplaçant titulaire", un médecin qui comblera les trous des plannings des hôpitaux. Le recul à 72 ans de la limite d’âge pour travailler à l’hôpital complète alors la panoplie engagée par le gouvernement pour de recourir aux quelques 6000 médecins intérimaires du marché.
Un accord explicite de l’hôpital exigé
Le directeur général de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent met toutefois en garde contre une nouvelle dérive résultant de cette mesure. "Il ne faut pas que les praticiens considèrent qu’ils ont automatiquement le droit de prolonger leur activité jusqu’à 72 ans. Cela doit correspondre à un projet d’établissement, avec l’accord explicite de l’hôpital", prévient-il. Les hôpitaux ne veulent pas que certains praticiens dont la spécialité ne manque pas qui travaillent dans des zones non pénuriques, puissent prolonger systématiquement leur pratique médicale jusqu’à 72 ans.