La ministre de la Santé annonce un point de non-retour qui risque de ne pas plaire aux médecins qui luttent contre la généralisation de ce système...
"Le tiers-payant serait maintenu", tel est le message lancé par la ministre de la Santé Marisol Touraine ce mardi sur 20 Minutes. Alors que ce système de paiement est, depuis plusieurs semaines, critiqué par les médecins généralistes qui sont entrés en grève pour éviter sa généralisation, la ministre ne revient pas sur ses engagements. "Le tiers-payant représente une avancée. Ce système sera donc maintenu [dans la future loi Santé]", a-t-elle expliqué.
De nombreux médecins généralistes se sont engagés, depuis lundi, dans un mouvement de "guérilla administrative" pour contester la généralisation avancée de ce système. A cet effet, ils ont eu recours à la bonne vieille feuille de soins pour engorger les services de l’Assurance maladie et obliger la ministre de la Santé à infléchir sa position au lieu de télétransmettre via la carte vitale les données sur chaque acte.
"Un tiers des Français disent que, pour des raisons financières, ils renoncent aux soins. Je pense à eux", a argumenté Marisol Touraine. Tel qu’il se passe déjà dans les hôpitaux ou les pharmacies, la généralisation du tiers payant leur "permettrait de ne pas avancer les frais de santé lors de chaque consultation chez un médecin généraliste". Dans le cas contraire, les praticiens considèrent que cette généralisation leur causerait des déboires administratifs liés aux délais de remboursement. "Certaines caisses remboursent les médecins avec parfois deux ans de retard", confie Bertrand Legrand, médecin nordiste et créateur d’un Observatoire du tiers payant.
"En France, on a trop le réflexe hôpital", poursuit la ministre. "Or l’hôpital ne peut pas tout faire. Je veux que la médecine de proximité soit renforcée." Questionnée sur le mouvement de "guérilla administrative" lancé par les médecins, la ministre appelle "avec solennité" à l’arrêt de ce mouvement qui n’est, selon elle, "pas responsable" pour les patients qui, pourraient être remboursés avec plus de retard que d’habitude.