Trois jihadistes présumés sont entrés de Turquie par leurs propres moyens et n’ont pas été arrêtés à leur arrivée à l’aéroport de Marseille. Une remise en question s’impose dans les rangs de la police nationale.
L’arrestation des trois jhihadistes devait monter la réactivité de la France face à la menace terroriste, rapporte aujourd’hui Le Figaro. Elle a échoué à cause d’une communication défaillante au niveau des autorités chargées de prévenir le terrorisme.
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé un peu vite l’arrestation de trois individus dangereux "dès qu’ils ont posé le pied en France", mardi midi. Arrêtés en Turquie en août dernier, les trois hommes auraient combattu dans les rangs des islamistes radicaux en Syrie.
Parmi eux, Abdelouahed Baghdali, 29 ans, n’était autre que le mari de Souad Merah, sœur de Mohamed Merah, le terroriste qui sema la mort à Montauban et Toulouse en mars 2012. Il était parti en Syrie en février dernier et était déjà connu des services de police pour ses liens avec une école coranique radicale. Sa femme l’y avait rejoint avec ses enfants en mai.
Le second était Imad Djebali, 27 ans, ami d’enfance de Mohamed Merah. L’homme était déjà condamné en 2008 à quatre ans de prison pour son appartenance à la filière dite "d’Artigat", nom d’un village ariégeois où résidait le chef présumé d’une filière de recrutement jihadiste en Irak.
Le troisième, Gael Maurize, était un converti à l’islam radical et est originaire d’Albi. Il est aussi connu des services antiterroristes.
Tout devait se dérouler normalement, mais le récit du ministère de l’Intérieur était en partie faux. En réalité, les trois hommes sont rentrés facilement en France, par leurs propres moyens, et n’ont pas été arrêts à leur arrivée à l’aéroport de Marseille.
Maitres Pierre Dunac et Apollinaire Legros-Gimbert, deux de leurs avocats, ont affirmé que les trois hommes n’avaient pu embarquer dans le vol initialement prévu au départ de la Turquie et à destination de Paris, mais qu’ils avaient pu prendre un vol suivant à destination de Marseille.
Leur retour avait été pourtant bien préparé par l’attaché de sécurité intérieure français basé en Turquie en collaboration avec les autorités turques. Mais, le commandant de bord aurait refusé de les embarquer, voyant à quels passagers il avait affaire. Ils ont donc pris le vol suivant pour Marseille, alors qu’ils étaient attendus par la police à Paris.
" Le ministère de l’Intérieur a, à mon avis, dégainé un peu trop vite en annonçant leur arrestation. Ils n’ont pas du tout été arrêtés. Ils sont dans la nature, prêts à s’expliquer, à être interrogés", a déclaré mardi soir Me Legros-Gimbert. Le fait que les passeports des trois hommes n’aient pas déclenché l’alarme l’a également surpris. Le couac serait dû à une panne du système de contrôle à Marseille.