Le congrès des maires s’ouvre sur fond de tensions avec l’exécutif. Après six premiers mois au pouvoir, une centaine de militants LREM a démissionné.
Les tensions remontent bien au-delà. En effet, depuis les municipales de 2014, au moins 2 000 maires, adjoints et conseillers municipaux ont démissionné. Les élus locaux s’insurgent contre le manque de concertation et craignent une perte d’autonomie.
La démission des maires n’est pas un phénomène nouveau, cependant, il s’accélère depuis 2014 surtout dans les petites communes. En plus d’une exigence grandissante des administrés, les moyens ne sont plus au rendez-vous. C’est cette charge de travail qui est à l’origine de toutes ces démissions. Frédéric Cuillerier, membre de la commission des finances auprès de l’association des maires de France s’inquiète. "Depuis trois ans, la baisse des dotations de l’Etat a déjà beaucoup affaibli les communes. Mes collègues ont fait des efforts, l’inquiétude désormais c’est de boucler le budget de l’année prochaine", déplore-t-il. En parallèle, les maires sont également à bout "psychologiquement" car ils sont devenus le "défouloir d’administrés de plus en plus virulents", rapporte Europe 1.
L’Association des maires de France (AMF), présidée par François Baroin (LR) a dénoncé "les mesures exclusivement d’inspiration budgétaire proposées depuis six mois" par le gouvernement. A la veille du Congrès, elle a annoncé qu’elle envisageait de saisir le Conseil constitutionnel sur les contraintes budgétaires imposées par le gouvernement qu’elle juge contraires à la Constitution. "Nous oscillons entre lassitude, résignation et colère. Nous avons cumulé les tours de vis budgétaires sous Sarkozy comme sous Hollande depuis tellement d’années. Ce que nous inflige le président Macron, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase" a dénoncé le vice-président de l’AMF. "Pour que la confiance soit renouée, il faut un dialogue d’égal à égal et que les règles de ce contrat ne soient pas imposées", explique Thierry Suaud, maire PS de Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne).
Quelque 15 000 élus attendent de pied ferme Emmanuel Macron et ses ministres à partir de ce mardi, à Paris, pour le 100e congrès des maires. Diminution des contrats aidés, baisse des dotations de 13 milliards d’euros sur cinq ans, baisse des APL et surtout suppression de la taxe d’habitation pour 80% des foyers : les maires sont remontés contre la politique du gouvernement. Pour tenter de les rassurer, une quinzaine de ministres défileront Porte de Versailles lors des trois jours de débats. Dès mardi après-midi, le chef du gouvernement Edouard Philippe prendra la parole. Et jeudi, c’est le président Emmanuel Macron qui clôturera le Congrès. La veille au soir, il recevra 1 500 maires à l’Elysée.
Les maires assurent qu’ils réserveront un accueil républicain au gouvernement et à Emmanuel Macron, mais préviennent que la salle réagira plus ou moins vivement selon le contenu de leur message.