En plus de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité, François Hollande veut également réformer le Conseil supérieur de la magistrature. A ce titre, il recevra les présidents de l’Assemblée et du Sénat ainsi que les groupes parlementaires pour "recueillir leurs visions et propositions".
Conscient que la révision constitutionnelle nécessite non seulement le soutien de la gauche mais aussi celui d’une partie de la droite, le Président de la République, François Hollande reprend la main pour accélérer le processus. De plus, le chef de l’Etat a proposé d’insérer une mesure supplémentaire : l’indépendance des procureurs. Annoncé par surprise par François Hollande à l’occasion de ses vœux aux corps constitués et aux bureaux des Assemblées, l’ajout de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et du parquet au projet de révision de la Constitution en cours répond à des considérations d’ordre autant technique que politique.
La réforme du CSM est une mesure chère à la gauche mais qui déplaît à la droite. Quant à la révision constitutionnelle sur la déchéance de la nationalité, elle plaît plus à droite mais déplaît à une partie de la gauche. C’est pourquoi, François Hollande entre en jeu. Il recevra ainsi mercredi les présidents de l’Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, et vendredi les groupes parlementaires pour recueillir leur avis sur la révision constitutionnelle, a annoncé lundi l’Elysée dans un communiqué. "Il s’agit de recueillir leurs visions et propositions afin que ce texte soit adopté le plus largement possible par les deux chambres", a déclaré l’entourage du chef de l’Etat, interrogé par l’AFP.
Rappelons que dans ses vœux du 31 décembre, François Hollande avait souligné qu’il revenait "au Parlement de prendre ses responsabilités" pour adopter cette révision de la Constitution visant à "donner un fondement incontestable au recours à l’état d’urgence" et "pour déchoir de la nationalité française les individus condamnés définitivement pour crime terroriste". "Le débat est légitime. Je le respecte. Il doit avoir lieu", avait-il insisté.
"Il est donc naturel que le président, qui avait invité le 31 décembre les parlementaires à se saisir de ce texte et à en débattre avec esprit de rassemblement et de responsabilité, les reçoive pour les écouter", a fait valoir l’entourage du chef de l’Etat. Le Premier ministre Manuel Valls défendra du reste lui-même le texte de révision constitutionnelle. La ministre de la Justice Christiane Taubira, dont l’opposition à la déchéance de nationalité a provoqué un couac majeur au sein de l’exécutif, ne fera pas partie du lobbying.
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