Manuel Valls a annoncé une série de dispositions pour lutter contre le terrorisme dans un discours solennel devant l’Assemblée nationale, hier. Les services de renseignement sont particulièrement concernés.
"A situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles", a dit le premier ministre dont les propos sont rapportés par France Tv Info aujourd’hui. Mais il s’est refusé d’appliquer "des mesures d’exception qui dérogeraient au principe du droit et des valeurs".
"Tirer des leçons des attentats de la semaine dernière, c’est d’abord prendre conscience que la situation change en permanence et que les services en charge du renseignement intérieur et la juridiction anti-terroriste doivent être régulièrement renforcés", a déclaré Manuel Valls.
Selon le premier ministre, il faut affecter "les moyens nécessaires pour tenir compte de [la] nouvelle donne", relevant que, "sans renforcement très significatif des moyens humains et matériels, les services de renseignement intérieurs pourraient se trouver débordés".
Manuel Valls a demandé d’"aller plus loin" dans le renforcement des services de renseignement, après la réforme de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) en Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en 2013.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve est chargé de faire des propositions "dans les huit jours" concernant le contrôle d’internet, mais aussi "les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l’embrigadement, la mise en contact et l’acquisition de techniques permettant de passer à l’acte".
Le premier ministre a aussi souhaité mettre en place un "nouveau fichier" : "Il obligera les personnes condamnées à des faits de terrorisme ou ayant intégré des groupes de combat terroristes à déclarer leur domicile et à se soumettre à des obligations de contrôle", a-t-il précisé.
Aujourd’hui, les personnes soupçonnées de terrorisme dans le cadre d’une enquête judiciaire figurent uniquement dans le fichier des personnes recherchées avec la fiche sûreté de l’Etat.
Manuel Valls a demandé aux ministres de la Justice, Christiane Taubira et de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, "d’étudier les conditions juridiques de mise en place" de ce nouveau fichier.
Le premier ministre a annoncé que le dispositif français en vue de la mise en place d’un système européen sur les échanges de données des passagers européens du transport aérien serait prêt en septembre.
Ces données sont connues sous l’acronyme PNR (Passenger name record). Il a aussi lancé un appel solennel au parlement européen pour qu’il vote en faveur de ce système actuellement gelé dans cette instance.
"Avant la fin de l’année, la surveillance des détenus considérés comme radicalisés sera organisée dans des quartiers spécifiques créés au sein d’établissements pénitentiaires", a déclaré Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée.
Le chef du gouvernement a fait référence à "l’expérience menée depuis cet automne à la prison de Fresnes", où la garde des Sceaux Christiane Taubira devait se rendre hier après-midi. Un quartier de cet établissement regroupe actuellement 23 détenus, contre une quinzaine au début de l’expérience, début novembre 2014.
Manuel Valls a aussi annoncé qu’"une formation de haut niveau sera dispensée aux services de la protection judiciaire de la jeunesse" car "comprendre le parcours de radicalisation d’un jeune est toujours complexe". Enfin, il a souligné "la nécessité de créer, au sein de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse, une unité de renseignement, à l’instar de ce qui est fait dans l’administration pénitentiaire".