A quelques jours de l’élection du nouveau président de l’UMP, Nicolas Sarkozy a accordé une interview au journal Le Figaro. L’ancien chef d’Etat a livré ses points de vue sur les affaires politiques en cours.
Lors d’une interview avec le Figaro, à quelques jours de l’élection du nouveau président de l’UMP, Nicolas Sarkozy a livré son regard sur la France et les Français après ses deux mois de retour sur la scène politique.
"J’ai fait dix-neuf réunions publiques, rencontré près de 70.000 militants. Je me suis engagé avec passion dans cette campagne. En trente ans de vie politique, je n’avais jamais vu une telle exaspération, une telle méfiance, une telle colère. Jamais je n’avais vu la France aussi tendue, aussi à cran, aussi inquiète. Mais jamais, en même temps, je n’avais ressenti chez nos compatriotes un tel besoin d’espérance. Cette situation nous crée une lourde responsabilité : celle de préparer et d’incarner l’alternance.", a-t-il annoncé.
Puis il a fait part de ses idées sur la conquête de la présidence de l’UMP .
"En matière d’élection, je ne connais qu’un seul critère de succès vraiment incontestable : remporter la victoire. Et si c’est dès le premier tour, c’est encore mieux.", a-t-il admis. "Je ne me fixe pas d’autre objectif", a-t-il souligné avant de poursuivre que "Les observateurs tireront bien sûr des conclusions définitives de mon score, soit pour dire qu’il est décevant soit pour dire que la bataille était gagnée d’avance, mais en vérité, trois jours après, tout cela sera oublié. Quand on est élu, ce qui compte, c’est son projet et la rapidité avec laquelle on le met en œuvre.
Il martèle ensuite :"Mon premier défi si je gagne sera de réussir à rassembler la famille et à faire en sorte que la moindre différence entre ses membres ne se traduise pas aussitôt par un étalage de divisions que nous ne pouvons, en aucun cas, nous autoriser. Pendant deux ans, l’UMP a donné le spectacle navrant d’affrontements brutaux. Je veux réconcilier la droite avec elle-même, tourner cette page et rassurer les Français par notre calme, notre détermination et notre cohésion. Cela ne passera pas seulement par le rassemblement mais aussi par la force, la novation, la modernité de nos idées. Plus le message de nos adhérents sera clair, plus cela sera une mauvaise nouvelle pour nos adversaires."
L’ex-locataire de l’Elysée n’a pas manqué d’évoquer les derniers événements au sein de son parti, notamment les agissements de ses partisans vis-à-vis d’Alain Juppé. "Je n’aime pas les huées, celles-ci pas davantage que celles qui m’ont visé dans le passé. Mais nous sommes en 2014. Le temps des militants godillots est révolu ! Nos adhérents et nos électeurs veulent exprimer ce qu’ils ressentent ; ils veulent se sentir libres de le dire. Je ne serai pas celui qui cherchera à les bâillonner. Je veux être le président d’une formation politique où la parole est libre. Un parti politique n’est ni une caserne, ni une secte. Il doit être un lieu où la liberté d’expression est la règle."
Lui de poursuivre "Croyez-vous que cela soit si aisé d’interrompre une salle de 5000 personnes qui manifestent leurs désaccords sincères et spontanés avec l’orateur ? Au reste, ce n’est pas Alain Juppé qui a été sifflé, c’est ce qu’il a dit. Si j’avais dit la même chose, j’aurais été sifflé moi aussi. Beaucoup - en Aquitaine peut-être plus qu’ailleurs - ont été ulcérés par le fait que François Bayrou se mobilise pour faire élire François Hollande puis utilise les voix de la droite pour devenir maire de Pau. L’hypocrisie et le mensonge sont de moins en moins tolérés, pas plus ceux de François Hollande que ceux de tous les autres."
Interrogé sur une éventuelle guerre entre lui et Alain Juppé, l’ex-président qui fait son retour politique de lancer "Je connais Alain Juppé depuis 1975. Nous avons toujours travaillé ensemble en bonne intelligence. Nous avons certes des points de divergence dont nous débattrons peut-être un jour - après tout, ce serait légitime - mais il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’hostilité personnelle. Je le dis solennellement, notre famille a besoin de tous ses talents. Personne ne pourra réussir seul. L’idée d’une guerre serait suicidaire et en tout état de cause est parfaitement étrangère à mon état d’esprit."
Lors de cette interview, Nicolas Sarkozy a fait le tour de plusieurs sujets :
Sur la question des alliances, il a affirmé "Oui, je suis bien sûr favorable à une alliance entre la droite et le centre. Mais un centre qui a choisi de s’opposer à la gauche sans ambiguïté et avec clarté. Pas un centre qui est avec la gauche le matin et avec la droite le soir. Dans cet esprit, je considère que Jean-Christophe Lagarde, le nouveau président de l’UDI, et l’ensemble des parlementaires de l’UDI sont des partenaires en qui nous devons avoir confiance. Ne comparons pas l’UDI, qui a gouverné avec nous, et les dirigeants du MoDem, qui ont fait campagne contre nous."
Sur sa position sur la loi Taubira, c’est sans hésitation qu’il a dit "Oui, je l’ai dit à la réunion de Sens commun. Ma position a toujours été la réécriture de la loi Taubira car le problème du lien entre mariage et filiation n’est pas réglé comme l’ont montré les récentes décisions de la Cour de cassation et de la Cour européenne des droits de l’homme. Pour réécrire une loi, il faut bien abroger la précédente ! Ceci posé, on ne va pas démarier les gens et il faudra remplacer cette loi par une autre qui reconnaîtra le droit à un mariage pour les homosexuels. Je répète par ailleurs que je ne crois pas à l’idée du droit à l’enfant. Je suis donc hostile à la GPA pour les homosexuels aussi bien que pour les hétérosexuels."
Concernant la version de François Fillon dans l’affaire Jean-Pierre Jouyet et les deux journalistes de Le Monde, il a juste annoncé : "J’ai pris acte des explications de François Fillon."
Son avis sur l’annonce faite par Bruxelles d’accorder à la France quatre mois de plus pour réduire ses déficits : "C’est très bruxellois. On ne décide pas mais on vous prévient qu’on va décider plus tard… Mais ne confondons pas la cause et les conséquences : si l’on veut faire reculer la dette, il faut réduire les déficits, et si l’on veut réduire les déficits il faut s’attaquer vigoureusement à la dépense publique. C’est pourquoi la priorité de notre projet doit être la réduction de la dépense publique et donc la diminution sensible du nombre de fonctionnaires."
Son plan pour protéger le pays entre la sortie de Schengen et la négociation de ce Schengen II : "Ce qui est important, c’est qu’aujourd’hui il y a une volonté partagée en Europe de renforcer les politiques de contrôle de l’immigration, ce qui démontre un large souhait d’aboutir très vite à de nouvelles règles."
S’il croit à la présence de Marine Le Pen au second tour en 2017 :
"Le risque existe. C’est bien pourquoi je suis pour des primaires qui permettront à la droite et au centre de se rassembler derrière un même candidat dès le premier tour de la présidentielle de 2017."