Face à l’ultimatum lancé par la Russie, le Premier ministre Manuel Valls s’est prononcé ce vendredi soir en précisant que personne ne "dicte sa conduite" à la France.
Alors que le gouvernement français a essuyé le refus de livrer le Mistral à la Russie mercredi, malgré l’appel des autorités russes depuis plusieurs semaines, le chef du gouvernement a réagi face à l’ultimatum lancé par Moscou dans la journée d’hier. Comme cité par l’agence Ria Novosti rapportant une source russe "haut placée", Moscou a donné un deadline (fin novembre) aux autorités françaises pour qu’elles remettent un premier navire militaire. Dans le cas échéant, la France sera exposée à "de sérieuses demandes de compensation".
Le Parisien rapporte les propos de Manuel Valls vendredi soir en marge d’un déplacement à Auxerre. "J’ai déjà eu l’occasion de dire qu’à ce stade, aujourd’hui, les conditions n’étaient pas réunies pour la livraison du Mistral", a-t-il déclaré avant de poursuivre : "la France honore ses engagements, mais la France est une nation qui compte, qui pèse dans le concert des nations et qui exige la paix en Ukraine. Et qui prend ses décisions de manière souveraine, sans que quiconque ne lui dicte sa conduite de l’extérieur."
Le Premier Ministre de rajouter que : "ce qui est essentiel, et François Hollande va l’évoquer aussi avec plusieurs chefs d’État et de gouvernement pendant le G20, c’est que l’on retrouve le chemin de la paix entre l’Ukraine et la Russie" avant de déplorer "nous en sommes malheureusement loin. Les tensions encore ces derniers jours, ces dernières semaines, sont là pour malheureusement le démontrer. Il y a la guerre, il y a des morts. On meurt tous les jours en Ukraine, à Donetsk". Le locataire de Matignon de souligner : "Et tout doit être fait pour la paix. Chacun doit y prendre sa part."
Le feuilleton Mistral vit encore ses moments de rebondissements et l’annonce de Moscou représente un autre épisode marquant. Pour rappel des faits, ces bâtiments de projection et de commandement ont été vendus à 1,2 milliards d’euros à la Russie sous le mandat de Nicolas Sarkozy en juin 2011. Ils sont impliqués dans un imbroglio diplomatico-militaire depuis que le président François Hollande ait décidé de la suspension de leur livraison au règlement politique de la crise ukrainienne.
Fin octobre, Moscou avait fait une déclaration selon laquelle elle a été invitée à accueillir le premier de ces navires le 14 novembre à Saint-Nazaire. Une annonce aussitôt contestée par le constructeur, le groupe DCNS (chantier navals) et le gouvernement français. Mercredi, le ministre de la Défense a confirmé qu’"aucune date de livraison" d’un navire Mistral à la Russie "ne peut être fixée à ce stade".