Près de deux ans et demi de silence, Martine Aubry s’est exprimé ce jour dans le JDD. En ligne de mire la politique actuelle du gouvernement et quelques réformes.
Dressant un bilan d’étape de la présidence de François Hollande, elle prévient le Président ainsi que Manuel Valls . "Je demande qu’on réoriente la politique économique (...) (Il faut) emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent" faute de quoi la gauche va "échouer", lance-t-elle en direction de François Hollande, qui l’a battue lors des primaires de 2011 organisés par le PS pour désigner son candidat à l’élection présidentielle de 2012.
Plutôt discrète depuis le début du quinquennat du président Hollande, la maire socialiste de Lille (nord) semble être passée à l’offensive en publiant également sur internet sa contribution aux Etats généraux du PS, où elle plaide pour "une nouvelle social-démocratie", un projet qui n’est "ni le libéralisme économique, ni le social-libéralisme".
Si l’ancienne ministre admet que l’exécutif a accompli quelques "bonnes choses", tout le reste de l’interview, elle fustige les actions menées par François Hollande et son Premier ministre, Manuel Valls. "La politique menée depuis deux ans en France, comme presque partout ailleurs en Europe, s’est faite au détriment de la croissance, les déficits ne se sont pas résorbés et le chômage augmente", déclare-t-elle.
Concrètement, elle plaide pour un changement de cap et met l’exécutif face à ses objectifs : "Nous avions prévu qu’à mi-mandat, la croissance serait revenue, le chômage en repli et les déficits réduits en deçà de 3 %. Ce n’est pas le cas. Il nous faut trouver au plus vite le bon réglage des politiques économiques qui permettra de sortir la France de la crise", assène-t-elle dans le JDD à la veille du vote en première lecture de la partie recettes du budget 2015.
Pour l’ancienne ministre du travail, la raison profonde du malaise des français est l’absence de cap : "On ne mobilise pas un pays sur la seule gestion financière, on doit donner la destination du voyage", déclare-t-elle. Selon Le JDD, la sortie de Martine Aubry était attendue et espérée par beaucoup de militants socialistes qui voient en elle un recours face aux difficultés de François Hollande.
Mi-septembre, un sondage du Parisien révélait qu’elle était la personnalité préférée des sympathisants de gauche. 75% d’entre eux espéraient lui voire jouer un rôle plus important sur la scène nationale. Un appel qu’elle a peut-être entendu.