Face à la défaite du PS au sondage, la présidente du FN donne son avis sur la situation actuelle. Dans une interview réalisée par Le Figaro, Marine Le Pen est persuadée que "ce sondage historique valide notre stratégie".
Pour la première fois, le FN arrive en tête en battant Hollande avec 54 % contre 46 %. Le Figaro demande à la présidente de la FN son avis quant à ces résultats. Marine Le Pen de répondre avec assurance : "Nous sommes en situation de gagner une élection présidentielle. L’argument prétendant que le vote FN assure la victorie de la gauche, développé ad nauseam par l’UMP, est invalidé. L’UMP et le PS sont désormais contraints de sortir de l’ambiguïté et de débattre avec nous car nous sommes un parti de gouvernement, prêt à gagner des législatives et une présidentielle. Ce sondage est tout à fait historique. Il valide notre stratégie du "ni gauche, ni droite".
Le journaliste du Figaro se projette déjà au second tour face à la droite où l’écart entre le score du FN et ceux d’Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon existe encore. Pour répondre à cette projection, Marine Le Pen argumente qu’il restait encore deux ans et demi. "Le moins que l’on puisse dire est que ce retard peut être comblé. Lorsque nous aurons démontré que l’UMP mène exactement la même politique que le PS, une forme de lucidité permettra aux électeurs de faire un choix à la présidentielle", ajoute-t-elle.
Concernant la possible appréhension de Nicolas Sarkozy qui est devancé par Alain Juppé, la présidente du FN a annoncé qu’"il pourrait probablement en tirer un enseignement sur son positionnement et une question sur sa sincérité. Quand on se positionne en fonction des sondages, cela prouve que l’on n’a pas de convictions profondes."
Questionnée sur son éventuel retour sur une "ligne populaire", Marine Le Pen n’a pas manqué de souligner que "Nicolas Sarkozy a adopté tellement de tactiques et de stratégies, que l’on sait qu’il est capable de changer de position en fonction du vent. Mais les Français attendent d’abord de la sincérité. S’il arrivait brutalement sur une ligne centriste ou autre, il apparaîtrait immédiatement comme un arriviste et un opportuniste. Maintenant, les Français comprennent parfaitement ces stratégies. J’observe aussi que les résultats de ce sondage (60%) ne sont pas spectaculaires pour un ancien président de la République. Je pense qu’il sortira de son ambiguïté à son détriment après deux années passées hors de l’arène et loin des contradictions auxquelles il pourrait être soumis, par exemple sur son propre bilan. L’accélération de la vie politique française en fera enfin un homme du passé. Ce sera son image dès son retour."
Lorsque son interlocuteur lui pose cette question clé : "l’affaiblissement actuel du pouvoir exécutif ne favorise-t-il pas de tels chiffres ?" Marine Le Pen a rétorqué que "c’est la Bérézina mais il n’arrive que ce que nous avions prévu. Un tel affaiblissement est la conséquence de choix politiques que nous avions dénoncés. Avec une autre politique, François Hollande pourrait avoir tous les Pieds nickelés de la terre au gouvernement et les Français s’en ficheraient mais aujourd’hui on ne lui pardonne plus rien. Sa responsabilité est d’être restée sur la pente de Nicolas Sarkozy. Évidemment, la déception d’un gouvernement entraîne un bénéfice pour l’opposition mais ce qui est révélé dans ce sondage est que le Front national est le premier opposant au Parti socialiste."
Pour ce qui est de l’éventuelle dissolution du FN, Le Pen de déclarer "je pense que François Hollande ne pourra pas rester en cas de gouvernement Front national. Soit il se soumettra, soit il se démettra. Évidemment, en cas de gouvernement UMP, il pourra rester puisque celui-ci mènera la même politique."
En ce qui concerne l’impact du sondage sur les militants et les cadres du FN, Marine Le Pen a argumenté que "cela valide la ligne que je défends depuis quinze ans et qui, pourtant, avait fait l’objet de fortes contestations au début. Mais aujourd’hui, cette stratégie ne subit aucune opposition et c’est très bien car cela signifie que notre mouvement est en ordre de bataille. Il est plus efficace et plus performant. On peut donc lui fixer des objectifs partagés par chacun."
Enfin, lorsque le journaliste du Figaro lui questionne la résonance que peut avoir le sondage sur l’électorat français, la présidente du FN de répondre que "c’est très mobilisateur. Nous savons que notre électorat a tendance à se démobiliser quand il n’a pas de chances de victoire. Inversement, je crois que cela va nous renforcer. Quant aux éternels opposants, qui utilisent la bombe atomique contre le FN depuis vingt ans, la question est de savoir ce qu’ils peuvent encore inventer. Leur hostilité systématique perdra de son efficience. Je note aussi qu’une possibilité de victoire peut avoir un effet majeur de mobilisation sur les abstentionnistes car il faut savoir que, selon diverses études menées sur le sujet, leurs intentions de vote, leurs idées, sont exactement les mêmes, proportionnellement, que celles des électeurs."