Emmanuel Macron, le nouveau ministre de l’économie, se déclare favorable à autoriser « les entreprises et les branches à déroger aux 35 heures », en cas d’accords entre les directions et les organisations syndicales.
Le ministre explique dans une interview accordée au Point la veille de sa nomination et publiée aujourd’hui 28 août : « Nous pourrions autoriser, les entreprises et les branches, dans le cadre d’accords majoritaires, à déroger aux règles de temps de travail et de rémunération. C’est déjà possible pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre à toutes les entreprises, à conditions qu’il y ait un accord majoritaire avec les salariés ? »
Un tel changement permettrait, selon le successeur d’Arnaud Montebourg à Bercy de « sortir de ce piège où l’accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceux qui ne travaillent pas », une idée qu’il juge cependant « difficile à expliquer et à porter, spécialement quand on est de gauche ».
« La clé de la relance, en France, est de libérer les énergies pour créer de l’activité », ajoute-t-il. Selon lui, la France souffre « de deux problèmes spécifiques et endémiques : notre compétitivité, particulièrement dégradée, et notre déficit budgétaire ».
Sur la maîtrise des dépenses publiques, il juge qu’il « n’est pas nécessaire d’aller plus loin qu’une baisse de 50 milliards en trois ans, parce que cela poserait un problème d’exécution et alimenterait le risque déflationniste ». Emmanuel Macron préconise avant tout la réduction des dépenses pour rééquilibrer le budget public : « On maîtrise les dépenses mais beaucoup moins les recettes et la croissance économique », à moins de jouer sur une fiscalité « qui a trop augmenté ».
« Au moment où la zone euro était en danger extrême, il fallait augmenter les impôts. Simplement, cela a été fait alors que nos prédécesseurs avaient eux-mêmes décidé plus de 30 milliards d’euros de hausses d’impôts en fin de mandat. Au total, entre 2010 et 2013, les impôts ont augmenté de plus de 60 milliards d’euros. L’exécutif n’avait pas beaucoup d’options en 2012 mais c’était trop », conclut-il.
Agé de 36 ans, Emmanuel Macron est un ancien banquier d’affaires. Alors qu’il était conseiller économique du président François Hollande, il a contribué à élaborer le pacte de responsabilité, qui vise à redresser l’économie en s’appuyant sur les entreprises.