Dans une reconquête de l’opinion, Marine Le Pen positionne le FN comme " le meilleur bouclier des Français juifs " et assure que désormais, l’avenir du parti c’est elle et non plus Jean-Marie Le Pen.
Le ton est donné au niveau du FN, objet de nombreuses critiques suite à la dernière bourde contre Patrick Bruel, de confession juive. Dorénavant, le parti de l’extrême droit semble se détacher définitivement "des idées" de celui qui en a délégué la présidence à Marine Le Pen en 2011.
Dans un entretien accordé à Valeurs actuelles et rapporté par Le Point, l’actuelle patronne signe et persiste : " si pendant quarante ans, c’est Jean-Marie Le Pen qui a incarné le Front national et en reste une figure centrale, aujourd’hui c’est moi, et non plus lui, qui suis chargée de son avenir et de celui de ses idées ". Puis de rajouter : " La politique s’incarne, or je suis moi-même, je ne suis pas Jean-Marie Le Pen (...) J’ai ma propre personnalité, ma propre perception de l’exercice des responsabilités. Et ma stratégie peut se résumer en une phrase : faire gagner le FN pour faire gagner la France ".
A l’entendre, Marine Le Pen semble vouloir épargner au FN les conséquences des multiples sorties controversées de son père, dont la dernière en date ciblait entre autres le chanteur Patrick Bruel, lorsqu’il parlait de "fournée". A l’entendre, cette bourde de l’octogénaire ne devrait pas être associée aux véritables valeurs qu’incarne le parti, des principes qui sont loin d’être antisémites, à en croire à ses propos. " Il existe - pourquoi le nier ?- une suspicion d’antisémitisme qui pèse sur le Front national et que je conteste avec la plus grande force ", assène-t-elle avant de déplorer : "(Mon père) aurait dû constater qu’il n’avait pas anticipé que ses propos sur ‘la fournée’ prêteraient le flanc à une énième attaque contre le FN ".
Alors que 91% des Français désavouent Jean-Marie Le Pen - comme le rappelle France TV Info, citant quelques sondages - sa fille Marine Le Pen, elle, tente le tout pour le tout pour redorer l’image du parti. Dans sa liste de prospects figurent dorénavant les Français de confession juive.
"Je ne cesse de le répéter aux Français juifs, qui sont de plus en plus nombreux à se tourner vers nous : ’non seulement, le Front national n’est pas votre ennemi, mais il est sans doute dans l’avenir le meilleur bouclier pour vous protéger, il se trouve à vos côtés pour la défense de nos libertés de pensée ou de culte face au seul vrai ennemi, le fondamentalisme islamiste ’ ", lance-t-elle.
Avec les acquis actuels, notamment après les prouesses aux dernières Municipales et Européennes de son parti, Marine Le Pen estime être près du but, celui de faire du FN "un parti de gouvernement ", pas question donc de laisser ces "mauvaises publicités" compromettre le processus.
Dans son entretien, la patronne du parti revient une nouvelle fois sur ses ambitions politiques.
"J’ai aujourd’hui le devoir d’accéder au pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. C’est-à-dire rapidement. Peut-être même, je le crois possible, dès 2017. Pour cela, je me suis battue, avant même mon élection à la présidence du mouvement en 2011. Cet objectif, que beaucoup, dont Jean-Marie Le Pen peut-être lui-même, imaginaient inaccessible, est aujourd’hui en passe d’être atteint ", affirme la députée européenne.
A son père, elle a un message très clair, et si ce dernier n’entend pas s’y conformer en se versant " dans une contestation de la ligne politique actuelle du FN ", qu’il soutienne un autre candidat qui défendrait une autre ligne lors du prochain congrès du parti, prévu en novembre prochain, lance Marine Le Pen. Elle d’insister : "Ma ligne a été validée par les militants et elle ne saurait être remise en cause jusqu’à cette date (...) D’ici là (...) toute autre attitude serait dévastatrice et donc critiquable ".
Mais quel avenir a donc Jean-Marie Le Pen au sein du parti ? " (Il y a) un poste spécialement taillé pour lui et il lui revient donc de trouver, désormais sous mon autorité, sa manière de la faire exister ", dit sa fille qui revendique dorénavant le total pouvoir au sein du FN.