Pour "défendre leur liberté", des femmes portant le voile intégral ont clamé devant la presse leur opposition à une loi d’interdiction, affirmant qu’elles ne la respecteraient pas.
MONTREUIL (Seine-Saint-Denis) (AFP) - Pour "défendre leur liberté", des femmes portant le voile intégral ont clamé devant la presse leur opposition à une loi d’interdiction, affirmant qu’elles ne la respecteraient pas.
"Au lieu de laisser parler le gouvernement pour nous, le laisser dire que nous sommes des femmes soumises à l’homme, nous, on parle aux médias", lance Kenza. Elle s’exprime lors d’une réunion organisée par la mosquée de Montreuil, à la veille de l’examen en Conseil des ministres mercredi du projet de loi interdisant le port du voile intégral.
Face aux journalistes, cinq femmes de toute la France sont intégralement couvertes de noir, gris ou marron, certaines portent des gants, une un petit voile cachant ses yeux. Elles ont le caractère bien trempé et un discours bien rôdé.
Elles dénoncent une loi "liberticide". "Comment on appelle un Etat qui oblige à s’habiller comme il le veut ?", interroge Kenza, avant de répondre : "Une dictature, on nous impose une dictature !".
"Si la loi est votée, je ne l’enlèverai pas", clame Najat. "On sait que tout ça, c’est pour les élections", poursuit-elle. "Les amendes, c’est pour renflouer les caisses, je ne les paierai pas. Le stage de citoyenneté ? Qu’ils aillent le faire eux-mêmes", lâche cette femme. Le projet expose les contrevenantes à une amende de 150 euros et/ou un stage de citoyenneté.
"Si une amende est donnée, on fera des recours auprès des commissions des droits de l’Homme au nom de la laïcité", prévient Kenza.
Pour Karima, 31 ans, intégralement voilée depuis 16 ans, "il est impossible de l’enlever". "Je me sens à l’aise dans mon niqab", dit-elle.
Mais, tout en rêvant de Londres et des femmes qui s’y voilent comme elles le souhaitent, elles n’envisagent pas d’émigrer. Najat est française, née en France, de mère française : "Apparemment, je dérange mais ce sont les plus gênés qui doivent s’en aller, je n’ai pas à partir".
"C’est aberrant d’avoir à quitter le pays de la liberté pour pratiquer notre liberté", renchérit Karima.
Elles répètent que ce voile est une prescription coranique, contrairement à ce qu’affirment des responsables de l’islam, à l’instar du Conseil français du culte musulman (CFCM), qu’elles condamnent vivement.
"Dire : + Tu ne peux pas porter le voile, ça revient à dire tu ne peux pas pratiquer ta religion +", estime Karima. "Nous ne sommes pas soumises à l’homme mais à notre Seigneur", dit Kenza.
Et toutes de mettre en avant leur "libre-choix" et d’affirmer "ne pas connaître de femmes, que le mari, le frère ou le père obligerait à porter le voile".
Elles décrivent un quotidien plus difficile depuis l’apparition de la "polémique", parlant de phrases violentes, de menaces, d’agressions. "Je connais des +soeurs+ qui ne sortent plus, pas à cause de leur mari, mais parce qu’elles ne veulent pas faire face aux gens", selon Oum Khir.
Elles reconnaissent que beaucoup de voilées ne prennent pas la parole, alors que, elles, sont devenues des habituées des médias, énumérant les télé où elles sont passées. Difficile donc de savoir si elles et leur discours sont représentatifs des quelque 2.000 femmes intégralement couvertes en France.