Un hommage national a été rendu mercredi à la policière municipale tuée le 20 mai par un commando dans le Val-de-Marne et dont les obsèques ont été célébrées à Villiers-sur-Marne en présence du chef de l’Etat et de milliers de policiers en colère.
VILLIERS-SUR-MARNE (Val-de-Marne) (AFP) - Un hommage national a été rendu mercredi à la policière municipale tuée le 20 mai par un commando dans le Val-de-Marne et dont les obsèques ont été célébrées à Villiers-sur-Marne en présence du chef de l’Etat et de milliers de policiers en colère.
"Que nul n’en doute, la police dispose des éléments qui permettront d’interpeller tous les membres de cette bande de lâches assassins", a martelé Nicolas Sarkozy devant le cercueil d’Aurélie Fouquet, 26 ans et mère d’un bébé de 14 mois.
Accompagné des ministres Brice Hortefeux (Intérieur) et Michèle Alliot-Marie (Justice), le chef de l’Etat en a appelé non pas "à la vengeance" mais "à une justice ferme, à une justice implacable".
Le 20 mai, Aurélie Fouquet avait été atteinte de trois balles à la sortie de l’autouroute A4, à Villiers-sur-Marne, alors qu’elle pensait intervenir sur un banal accident de la route.
Elle venait en fait de croiser la route d’un commando de quatre à cinq hommes armés de fusils d’assaut et lancés dans une sanglante course-poursuite sur l’autoroute avec des policiers.
Un homme de 42 ans, Malek Khider, a avoué appartenir au commando à l’origine de la fusillade et a été mis en examen lundi notamment pour "assassinat".
Deux autres membres du commando ont pu être identifiés.
Ebranlés par ce drame qui a ravivé leur malaise, plus de 2.000 policiers municipaux (sur les 18.000 en France) venus de tout le pays ont assisté dans un silence religieux à la cérémonie, qui a également attiré des centaines de badauds.
"On est venu se recueillir et apporter notre soutien à nos collègues, mais on est également venu exprimer notre colère", a lancé un policier de l’Oise de 32 ans, l’écusson barré d’un petit bandeau noir. "On a encore une image de pervenche alors qu’on intervient souvent sur les mêmes missions que la police nationale", a-t-il dit.
"Déconsidérés", "dépréciés", "dévalorisés" : les mêmes mots sont revenus chez ces policiers rencontrés par l’AFP.
"Il faut obliger les maires à nous armer. Avec la crise, les gens deviennent de plus en plus violents. On est en bleu, donc on est des cibles", affirme Arnaud Saulière, en poste à Toulouse, rappelant qu’il appartient aux maires de doter ou non ces agents d’armes à feu.
"On ne peut pas faire grand-chose avec des bombes lacrymogènes et des tonfas (bâtons de défense, ndlr). L’arme ne règle pas tout mais elle crée une dissuasion", souligne Hassma Atif, 32 ans, policière à Dreux, blessée lors des émeutes de 2005.
Alors que M. Hortefeux doit recevoir jeudi les syndicats de la police municipale, les agents municipaux réclamant aussi un alignement de leur retraite avec celle de la police nationale.
"On est une police de proximité mais on vient souvent boucher les trous laissés par les baisses d’effectifs dans la police nationale", justifie Patrick Carré, policier dans l’Eure.
Après la cérémonie, les policiers municipaux ont défilé en silence dans les rues de la ville, formant un impressionnant cortège bleu marine et blanc qui a convergé sur les lieux où Aurélie Fouquet a été tuée.
Sous un panneau publicitaire, des gerbes de fleurs ont été déposées sur un tapis rouge devant lesquels policiers et badauds se sont recueillis.
"Il n’y a pas de mots pour décrire cet acte", estime Ruddy Raymond, 28 ans, un habitant du Val-de-Marne, réjoui toutefois de "voir pour une fois la police se mêler à la population".
Avant l’hommage national, Aurélie Fouquet avait été nommée chevalier de la Légion d’honneur et citée à l’ordre de la Nation.