Le médecin rwandais Eugène Rwamucyo, visé par un mandat d’arrêt international émis par le Rwanda pour son implication présumée dans le génocide des Tutsis en 1994, a été placé jeudi sous écrou extraditionnel, selon une source judiciaire.
VERSAILLES (AFP) - Le médecin rwandais Eugène Rwamucyo, visé par un mandat d’arrêt international émis par le Rwanda pour son implication présumée dans le génocide des Tutsis en 1994, a été placé jeudi sous écrou extraditionnel, selon une source judiciaire.
Interpellé mercredi à Sannois (Val-d’Oise), Eugène Rwamucyo, qui réside en Belgique avec son épouse et ses enfants de nationalité belge, a été présenté jeudi après-midi devant le procureur général de Versailles qui lui a notifié son incarcération dans l’attente de sa comparution devant la chambre de l’instruction.
Il doit être présenté mercredi matin devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles qui devra émettre un avis sur la demande d’extradition faite par le Rwanda.
Ancien médecin à Maubeuge (Nord), Eugène Rwamucyo, né en 1959, est notamment accusé par Kigali d’avoir participé à des réunions de responsables génocidaires à Butare (sud du Rwanda) en 1994, dont l’une sous l’égide du Premier ministre de l’époque, Jean Kambanda, condamné à la perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
M. Rwamucyo est par ailleurs visé par une information judiciaire ouverte à Paris le 5 février 2008 pour génocide, crimes contre l’humanité et complicités après une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
Rwamucyo exerçait les fonctions de médecin à l’hôpital de Maubeuge (Nord), avant d’être suspendu puis licencié de l’établissement en avril.
Selon une source proche du dossier, il a été interpellé par les policiers alors qu’il venait d’assister à Sannois aux obsèques d’un autre Rwandais, Jean-Bosco Barayagwiza. M. Barayagwiza, cofondateur de la Radio télévision libre des Mille-Collines, avait été condamné par le Tribunal pénal internationale pour le Rwanda (TPIR). Il est mort le 25 avril au Bénin.
Environ 800.000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués, selon l’ONU, entre avril et juillet 1994 au cours du génocide rwandais.
Cette interpellation, saluée par le Rwanda, intervient à quelques jours de l’ouverture à Nice le 31 mai du 25e sommet Afrique-France.
Le ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama, a exprimé jeudi sur la chaîne de télévision France 24 son souhait de voir extrader vers le Rwanda M. Rwamucyo "pour être jugé parmi la population, là où les crimes ont été commis".
"Mais sinon, il peut être jugé en France", ce qui importe, "c’est que la justice soit rendue que ce soit en France ou au Rwanda", a-t-il ajouté.
La justice française, qui a récemment statué à trois reprises sur des demandes d’extradition vers le Rwanda de Rwandais soupçonnés par Kigali d’avoir pris part au génocide, s’y est à chaque fois opposée, arguant d’un manque de garanties accordées à la défense devant la justice rwandaise.
Outre M. Rwamucyo, deux autres Rwandais, Sosthène Munyemana et la veuve de l’ancien président rwandais assassiné en 1994, Agathe Habyarimana, sont dans l’attente d’une décision de la justice française concernant leur extradition.