Un couple est jugé à partir d’aujourd’hui à Nevers pour l’excision de leurs quatre petites filles. Les deux parents encourent 15 ans de réclusion criminelle.
Un couple d’origine béninoise comparait devant la Justice à partir de ce mercredi pour "complicité de violence volontaire ayant entraîné une mutilation sur une mineure de moins de 15 ans par un ascendant. Arrivé en France à la fin des années 80, ce couple est en effet accusé d’avoir fait subir à leurs quatre filles une excision.
Une première information judiciaire avait été ouverte en 2005, lorsqu’une des deux filles aînées du couple avait été hospitalisée pour un appendicite. Les médecins avaient alors signalé qu’elle avait été excisée. Il apparaît alors que les deux filles aînées ont été victimes de la même mutilation. A l’époque, le père est entendu par les enquêteurs et nie avoir excisé ses filles, assurant que c’est sa femme qui a perpétré l’acte pendant son absence. Les deux parents sont placés sous contrôle judiciaire.
Puis en janvier 2009, le service pédiatrique de l’hôpital de Nevers constate que la plus jeune des filles âgée de 7 ans a également été victime d’excision. L’enfant souffre "d’importants saignements d’origine vaginale" et reste silencieuse devant les questions des médecins.
Le couple comparait depuis aujourd’hui devant la Justice. Leur avocat, maître Guillaume Valat, estime que les deux parents ne doivent pas réfuter les faits dont ils sont accusés, mais tenter d’expliquer le contexte "culturel". Les audiences vont se poursuivre jusqu’à vendredi prochain. "Cette affaire est une première dans la mesure où les parents ont été avertis en 2005 avant de recommencer", a déclaré de son côté maître Linda Weil-Curiel, l’avocate de la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles (Cams), qui s’est constituée partie civile.
En 2004, l’Institut National des Etudes démographiques (Ined) estimait à 50 000 le nombre de femmes adultes excisées, parmi lesquelles des migrantes ou des femmes nées en France d’origine africaine. A l’échelle mondiale, on estime à 140 millions le nombre de femmes excisées.