Aujourd’hui, la police a perquisitionné le domicile et les bureaux de Patrice de Maistre, le gérant de la fortune de Liliane Bettencourt. Hier, une confrontation entre le gestionnaire et l’ex-comptable de la milliardaire a été orchestrée dans le cadre de l’enquête mais tous deux ont campé sur leurs positions.
Saisis par le parquet de Nanterre, les policiers de la Brigade financière, ont perquisitionné ce matin le siège de la société Clymène à Neuilly-sur-Seine, ainsi que le domicile de Patrice de Maistre dans le XVIe arrondissement, devant lequel de nombreux de journalistes, photographes et cameramen se pressaient à la mi-journée.
Ces perquisitions interviennent au lendemain d’une confrontation entre le gestionnaire et l’ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, dont le témoignage est aujourd’hui fragilisé par des versions contradictoires.
Claire Thibout a assuré n’avoir jamais dit aux journalistes de Médiapart "que des enveloppes étaient remises régulièrement" à Nicolas Sarkozy lorsqu’il était maire de Neuilly entre 1983 et 2002. Mais elle a maintenu ses accusations visant Patrice de Maistre. Selon elle, il lui avait bien demandé en 2007 d’effectuer "un retrait de 150.000 euros qu’il destinait à Eric Woerth, trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy".
Confrontée hier dans les locaux de la police à la banquière chargée du compte Liliane Bettencourt à la BNP Paribas, Claire Thibout s’est dite "certaine d’avoir appelé (la banquière) dans le cadre de cette demande de M. de Maistre", selon des extraits d’audition publiés sur le site internet du Figaro. L’ex-comptable a ajouté que la banquière l’aurait "dissuadé de faire un retrait supérieur à 50.000 euros en raison des obligations des banques de signaler ce type de retraits en liquide à la cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin". Toujours selon Lefigaro.fr, cette thèse est réfutée par la banquière qui a assuré aux enquêteurs, n’avoir "jamais eu Mme Thibout au téléphone pour une demande de dépassement du montant de l’accréditif (50.000 euros, ndlr), que ce soit en mars 2007 ou à une autre date".
Le démenti de la banquière de la BNP Paribas fragilise un peu plus les déclarations de Claire Thibout, devenue la "femme à abattre" selon son avocat, Me Antoine Gillot. Lors de sa confrontation avec Patrice de Maistre, l’ex-comptable avait par ailleurs réaffirmé qu’il envisageait de puiser dans un compte en Suisse pour réunir la somme destinée à M. Woerth. "C’est un pur mensonge. Je ne m’occupais pas des comptes en Suisse de Mme Bettencourt", a rétorqué M. de Maistre, selon un extrait de procès verbal publié cette fois par Le Monde.fr.
La majorité, qui avait crié victoire hier après la fuite de plusieurs PV qui contredisaient l’interview de Médiapart, a continué aujourd’hui à se saisir de ces contradictions pour s’en prendre à la presse. En déplacement à Zagreb, le Premier ministre, François Fillon, a ainsi dénoncé "des justiciers auto-proclamés" sans toutefois citer de journalistes ou des titres en particulier.
"Cela fait trois jours que presque tous les médias relaient sans aucune précaution une accusation grave contre le président de la République, une accusation dont tout indique qu’il s’agit d’une manipulation, qu’elle ne repose sur aucun fait avéré, sur aucune preuve et, semble-t-il maintenant, sur aucun témoignage", a déclaré François Fillon.
Le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault a de son côté appelé le chef de l’Etat, qui pourrait s’exprimer dans les prochains jours, à "prendre ses responsabilités" et à "régler la crise politique" en changeant de gouvernement.