Elle est l’une des accusatrices de Tariq Ramadan et ne veut toujours pas dévoiler son nom. Elle justifie la protection de son anonymat par les menaces de mort qu’elle a reçues de la part des soutiens de Ramadan. Christelle a confié des actes monstrueux commis par l’islamologue.
Deux femmes ont accusé le théologien de les avoir violées, dans le sillage de l’affaire Weinstein. La première plaignante, Henda Ayari, accuse l’islamologue de l’avoir violée dans un hôtel parisien en 2012. La seconde plainte visant Tariq Ramadan a été déposée par une autre femme, Christelle, fin octobre, quelques jours après la première. Elle s’est confiée pour la première dans une longue interview accordée à Vanity Fair.
Selon le récit de Christelle, sa relation avec Tariq Ramadan démarre en 2009. Conseillée par des connaissances, elle se plonge dans "les joies de l’islam et de la solidarité islamique" et dévore plusieurs livres de Tariq Ramadan, avant de se convertir à l’islam. Le 31 décembre 2008, elle envoie un message collectif de bonne année à tous ses contacts Facebook, rapporte le magazine. Surprise, Tariq Ramadan lui répond immédiatement. "Merci, c’est très gentil. Je suis tout seul en déplacement et ça me fait plaisir". C’est le début de la correspondance, puis des appels, qu’ils entretiendront pendant quasiment un an. "Il était incroyablement courtois et attentif, exigeait que je sois disponible quand bon lui semblait. Il me remontait le moral, me donnait envie de me battre – enfin, je le croyais. J’avais dix, vingt messages par jour, entre 5 heures du matin et minuit", confie-t-elle.
En septembre 2009, Christelle assure que Tariq Ramadan lui propose alors de l’épouser. Mais le 9 octobre, alors qu’ils se retrouvent à l’hôtel Hilton de Lyon avant le début de la conférence "le Vivre ensemble, l’islamophobie, la Palestine", le cauchemar démarre pour Christelle. Gêné par les regards sur eux au bar de l’hôtel, Ramadan propose à sa "femme" de monter dans sa suite. Là, selon le récit de Christelle, il se transforme. "J’étais glacée d’effroi. Il était droit comme un ’i’. Il avait des yeux de fou, la mâchoire serrée qu’il faisait grincer de gauche à droite. Il avait l’air habité comme dans un film d’horreur. Terrifiant, terrifiant, terrifiant", confie-t-elle à Vanity Fair.
Les faits décrits dans la plainte de Christelle sont particulièrement effrayants. Elle dit avoir subi des gifles sur le visage, les bras, les seins, des coups de poing dans le ventre, une fellation forcée "d’une grande brutalité". Puis "un acte sexuel particulièrement violent" avant d’être traînée par les cheveux et de se faire "uriner dessus" dans la baignoire de la salle de bains. Alors qu’elle tente de se débattre, il lui aurait lâché : "Plus tu vas crier, plus ça va m’exciter et plus je vais cogner donc un conseil : ferme-la". Ramadan part ensuite à sa conférence, "en emportant les vêtements de la jeune femme dans un sac", écrit Vanity Fair. Il aurait ajouté : "Sois sage. Je donne des instructions. Si tu fais quoi que ce soit, je serai immédiatement averti et ça se passera mal".
Après deux jours de garde à vue, Tariq Ramadan a été déféré devant la justice vendredi en vue d’une possible mise en examen.
Voir l’interview dans son intégralité sur Vanity Fair