Les plaidoiries des parties civiles marquent la fin des débats au procès d’Abdelkader Merah, accusé de complicité des tueries de son frère. Pour l’avocat de la famille de Mohamed Legouad, abattu par Mohamed Merah, il y a un absent à ce procès : "Mohamed Merah, qui était un terroriste absolument ignoble".
Quel rôle a joué Abdelkader Merah dans la préparation des tueries de Toulouse et Montauban, perpétrées par son frère Mohamed Merah en mars 2012 ? Près de quatre semaines après le début d’un procès hors normes, la question n’a trouvé que peu de réponses étayées, en dépit de l’impressionnant nombre de témoins entendus et des longues auditions du principal accusé devant les assises spéciales. Les premières plaidoiries des parties civiles, jeudi matin, marquent la fin des débats.
Après avoir dénoncé les "incidents" qui ont émaillé les audiences, Me Olivier Morice, avocat de la famille de Mohamed Legouad, s’est attaqué à la théorie du loup solitaire, longtemps défendue par les autorités. "Il y a eu la tentation de traiter l’affaire de manière à part. Merah était un loup solitaire et c’est pour cette raison qu’il nous a échappé, nous a-t-on expliqué", a-t-il rappelé.
"Bien évidemment, ce procès est celui d’Abdelkader Merah", poursuit l’avocat. "Mais qu’on nous entende bien, on ne demande pas à la justice de les condamner pour les crimes de Mohamed Merah, mais de dire si oui ou non il y a eu complicité de celui-là", explique-t-il. Me Olivier Morice insiste sur le fait qu’il ne faut pas "présenter les crimes de Mohamed Merah comme un loup solitaire". De même, c’est une "imposture" de faire croire "qu’Abdelkader Merah est innocent".
Tout au long de sa plaidoirie, Me Olivier Morice n’a cessé de dénoncer le terrorisme. On a affaire à "du terrorisme qui tue, qui nie la dignité de la personne humaine", dénonce-t-il. "Où était-elle votre dignité, monsieur Abdelkader Merah, lorsque vous l’avez accompagné pour voler le scooter ?", demande-t-il face à l’accusé. "Votre place est en prison", lance-t-il à l’adresse d’Abdelkader Merah. "C’est le lieu en démocratie où on garde les terroristes", clame-t-il.
Abdelkader Merah nie toute "allégeance à qui que ce soit", y compris Al-Qaïda, mais précise ne reconnaître que les "lois de l’islam" et pas celles "forgées par l’homme". La question qui reste à ce jour sans réponse : a-t-il alors joué un rôle de mentor religieux pour son cadet ?