L’audition de Zoulikha Aziri, la mère d’Abdelkader Merah, s’est achevée dans un climat extrêmement tendu, mercredi devant les assises spéciales. Elle a défendu coûte que coûte son fils et sa famille, provoquant un tollé d’une rare violence.
Mercredi, l’audience a connu un temps fort avec l’audition de Zoulikha Aziri, la mère de la fratrie Merah. Au premier jour du procès, celle-ci avait créer la controverse en prenant la parole à sa sortie de la salle pour dire que son fils Abdelkader Merah n’avait "rien fait". En quittant la cour, elle avait également été invectivée par l’une des parties civiles, Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes de Mohamed Merah. Et mercredi encore, le même scénario a eu lieu de manière encore plus spectaculaire.
Accompagnée d’une interprète, Zoulikha Aziri, 60 ans, a nié les faits reprochés à son fils accusé, ses déclarations passées aux enquêteurs, les expertises des ingénieurs et les témoignages de ses enfants. "Abdelkader n’a rien à voir dans l’histoire qui s’est passée. Ce qu’a fait Mohammed, c’est très grave, mais il est mort", a d’emblée déclaré Zoulikha Aziri, vêtue d’une djellaba beige et d’un foulard moutarde. "Abdelkader, il était normal, ne posait pas de problème", a insisté sa mère, présentant Mohammed comme "un fou" pour expliquer ses actes. "Depuis tout petit, il a eu des problèmes. Il me disait ’j’ai un homme qui me parle dans la tête’", a-t-elle raconté.
L’attitude de Zoulikha Aziri, tout au long de son audition, a été jugée insupportable et a provoqué la colère des parties civiles. "Les familles attendent la vérité depuis cinq ans", lui a hurlé Mehana Mouhouk, avocat de la famille d’Imad Ibn Ziaten. "Que reprochez à cette femme ?", s’énerve Me Dupond-Moretti, l’avocat de Zoulikha Aziri. "C’est la mère d’un accusé et la mère d’un mort." C’en est trop pour les familles des victimes. "Vous n’avez pas honte ?", lance l’un des frères du premier militaire tué par Mohamed Merah. "Oui, cette femme a menti sur un certain nombre de points, c’est une évidence", est convenu Me Dupont-Moretti, mais on ne peut pas demander à une mère de témoigner contre son fils. "Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils", a-t-il ajouté.
Finalement, Zoulikha Aziri aura gardé le silence sur un point-clé de la procédure : les connexions effectuées à son domicile le 4 mars 2012 vers 23 heures à une annonce postée par la première victime sur le site Le Bon Coin pour vendre sa moto. Imad Ibn Ziaten avait précisé qu’il était militaire, ce détail lui sera fatal. "Il n’y avait personne chez moi, j’étais seule", a affirmé la mère. Elle reconnaît qu’Abdelkader était bien chez elle vers 19h30, mais affirme qu’il n’est resté que vingt minutes avant de partir et dit ne pas avoir vu Mohammed. Les policiers n’ont jamais pu établir qui d’Abdelkader Merah ou Mohamed Merah s’était connecté à cette annonce.