Après avoir volontairement contaminé sa compagne, un séropositif se trouve devant la justice. La femme, désormais malade, ne peut plus travailler et vit dans la terreur de contaminer ses deux enfants.
Un homme de 54 ans atteint du virus du sida comparaît mardi et mercredi devant les assises de la Seine-Saint-Denis pour avoir sciemment contaminé sa compagne, avec laquelle il a eu deux enfants, et lui avoir caché sa maladie pendant 5 ans. L’accusé risque 15 ans de réclusion.
Ce Français d’origine congolaise comparait à Bobigny pour avoir, à Saint-Ouen entre 2005 et 2010, "volontairement administré des substances nuisibles ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" de sa compagne, âgée aujourd’hui de 37 ans. La victime partageait la vie de cet homme depuis quatre ans quand elle a découvert, en octobre 2009, qu’elle était atteinte du virus du sida. Les deux enfants du couple, nés en 2005 et 2007, étant séronégatif, il est probable qu’elle ait été infectée entre 2007 et 2009. En fouillant dans les affaires de son concubin, la mère de famille va découvrir un certificat médical, établi en 1996, et attestant de sa séropositivité. Son conjoint lui avoue finalement être infecté par le virus du sida. Le couple se sépare en 2010 dans des conditions difficiles. La femme se résout alors à déposer plainte ce qui entraîne l’ouverture d’une information judiciaire en 2011.
Si l’origine de sa contamination n’est pas établie, l’accusé, qui était menuisier jusqu’à son licenciement en 2011, a été marié de 1994 à 2004 avec une femme qu’il savait atteinte du VIH, précise l’AFP. De son côté, la victime est désemparée. "Aujourd’hui, ma cliente n’est plus la même femme. Tout a changé dans sa vie. Comme elle est malade, elle ne peut plus travailler. Surtout, elle est dans un état de stress continuel car elle a peur de contaminer ses enfants", affirme son avocate. L’avocat de l’accusé reconnaît que son client "a manqué de courage" en lui cachant sa séropositivité. Mais s’il "prenait ses traitements en catimini" et prétendait avoir un "souffle au cœur" pour justifier son état maladif, c’est parce qu’il l’aimait et avait "peur de la perdre".