À la suite des révélations de la policière municipale Sandra Bertin, Bernard Cazeneuve a déposé plainte pour diffamation. Une enquête préliminaire pour à les allégations de la niçoise est en cours mais plusieurs témoins confirment déjà sa version.
La polémique sur le dispositif de sécurité à Nice n’en finit pas de rebondir. Les faits : la fonctionnaire, qui était chargée de la vidéosurveillance au moment du carnage, accuse un membre du cabinet de Bernard Cazeneuve d’avoir exercé des "pressions" pour qu’elle mente dans son rapport et rende une version "modifiable". A plusieurs reprises, le ministre a démenti. "Je connais la vérité. Je sais que jamais un membre de mon cabinet n’a été en contact avec Sandra Bertin", a répété Bernard Cazeneuve sur France 2.
Mardi, le parquet de Nice a ouvert une enquête préliminaire pour abus d’autorité, sur la base des déclarations de la policière municipale. Le Monde a pu consulter jeudi des attestations transmises à la justice. Plusieurs témoignages viennent valider sa version des faits.
Sandra Bertin avaient indiqué qu’une commissaire de la direction départementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes ainsi que le commandant qui l’a rapidement remplacé, lui ont relayé des ordres émanant de quelqu’un se revendiquant du cabinet ministériel au téléphone. Plusieurs médias ont révélé par la suite que le rôle de ce commissaire consistait à faire remonter les informations à la Direction générale de la police nationale (DGPN) et à la DSCP. Une information confirmée dès le lendemain par une source policière. Sa présence dans les bureaux du CSU au lendemain de l’attaque du terroriste n’avait donc rien d’étonnant. Or, selon un autre membre du COC, "le fonctionnaire souhaitait obtenir le rapport de Sandra Bertin dans les meilleurs délais et souhaitait également y voir figurer des indications qu’il soumettait au fonctionnaire de police municipale (…), j’ai rapidement compris qu’il y avait divergence d’opinion sur la façon de rédiger le document".
Un cadre de la police revient sur le moment de tension qui régnait quelques heures après l’attentat de Nice. "On est quelques heures après l’attentat, tout le monde est dans le brouillard. La demande est urgente", explique-t-il. La commissaire de la DCSP aurait souhaité que le rapport fasse apparaître deux points de présence de la police nationale sur la Promenade des Anglais. Demande à laquelle Sandra Bertin a refusé d’exécuter. "Je l’ai entendue dire ’je ne mettrai pas ce que je n’ai pas vu aux écrans’", affirme une personne en fonction au centre opérationnel de commandement (COC) de Nice. Deux questions demeurent ainsi sans réponse : pourquoi avoir voulu à tout prix que soit mentionnée la présence de la police nationale sur la Promenade des Anglais ? Et pourquoi Sandra Bertin ne les voyait-elle pas sur ces vidéosurveillances ?
L’enquête devrait déterminer s’il y a eu "abus d’autorité". Par ailleurs, une autre enquête a été ouverte à Paris pour "diffamation publique envers un membre du gouvernement et envers la police nationale", et confiée à la Brigade de répressions de la délinquance aux personnes (BRDP).