Une fusillade a éclaté vendredi en fin d’après-midi dans un train Thalys. Un homme a été interpellé en gare d’Arras, plusieurs personnes ont été blessées. Le point sur cette affaire.
Un homme armé d’un fusil d’assaut kalachnikov avec neuf chargeurs, d’un pistolet automatique Luger et d’un cutter, a ouvert le feu vendredi dans le train à grande vitesse Thalys 9364 qui relie Amsterdam à Paris. Les témoignages des militaires américains en vacances et ceux des passagers ont pu éclaircir l’affaire. Les enquêteurs antiterroristes tentent également d’en savoir plus sur les motivations et le parcours d’Ayoub El Khazzani. La garde à vue de ce marocain de 26 ans a été prolongée samedi soir.
Le récit des évènements relayé par la presse
Vers 17h50 Ayoub El Khazzani s’enferme dans les toilettes de la voiture 12 du Thalys 9364. Peu après le passage du convoi en France, à Oignies (Pas-de-Calais), le terroriste sort des toilettes, torse nu avec sa kalachnikov portée en bandoulière. Il tombe nez à nez avec un premier voyageur, un Français qui n’hésite pas à le désarmer.
Un contrôleur pensait qu’il s’agissait d’une simple bagarre mais comprend très vite qu’une attaque terroriste se préparait. Dimanche soir sur France Info, ce contrôleur raconte que tout s’est passé très vite : "j’ai été projeté contre une porte (…) je me suis retrouvé avec l’individu, il m’a mis au sol et m’a pointé avec le revolver". Il s’est empressé de tirer le signal d’alarme. Entre temps, le terroriste tire plusieurs coups de feu dont l’un frôle le contrôleur. Un autre passer a été également touché, un franco-américain de 51 ans qui est toujours hospitalisé.
Les héros américains
Plusieurs Américains, dont deux militaires, et un Britannique sont parvenus à désarmer le suspect. "On a entendu un coup de feu et du verre brisé. J’ai vu un type avec une kalachnikov", a raconté Alek Skarlatos, 22 ans. "Mon ami [ndlr Spencer Stone, autre militaire américain] et moi, on s’est baissés et puis on s’est dit ’on y va’ [...]. On l’a frappé à la tête jusqu’à ce qu’il perde connaissance". Dans la bagarre, Spencer Stone a été blessé au cutter au cou et à la main par l’agresseur, qui n’a pas fait usage de sa kalachnikov. François Hollande recevra ce lundi matin à l’Élysée les héros du Thalys et a "remercié chaleureusement" son homologue américain Barack Obama pour "la conduite exemplaire" des passagers américains qui ont neutralisé l’assaillant.
Le suspect formellement identifié
Les enquêteurs entendaient samedi Ayoub El Khazzani, dont l’identité a été confirmée. Il nie toute visée terroriste, mais était signalé comme islamiste radicale et serait parti en Syrie. Sa garde à vue dans les locaux de l’antiterrorisme français, en région parisienne, a été prolongée samedi soir. Elle peut durer quatre jours. Ayoub El Khazzani a vécu en 2013 et jusqu’en mars 2014 à Algésiras, en Andalousie (sud de l’Espagne), où il était connu pour trafic de drogue, selon une source des services antiterroristes espagnols. Plus d’un an plus tard, le 10 mai 2015, il était localisé à Berlin, où il embarquait pour la Turquie puis la Syrie avant de revenir en France, selon les renseignements français.
Ayoub El Khazzani faisait l’objet d’une fiche dite "S" visant les personnes ayant notamment des liens avec le terrorisme mais qui ne sont pas forcément surveillées. Des centaines de personnes font l’objet de ce type de fiche.