1300 quais devront être rabotés en Métropole pour qu’ils puissent accueillir les nouveaux TER commandés par la SNCF-RFF et dont la taille est jugée trop large. L’opinion s’indigne, la presse ironise.
" La SNCF a vu un peu trop grand ", peut-on lire dans la presse ce jour. La compagnie ferroviaire et RFF ( Réseau Ferré de France) sont en effet au cœur d’un scandale lié à l’achat pour 15 milliards d’€ de nouveaux trains régionaux qui se sont avérés non compatibles aux infrastructures ferroviaires françaises.
182 rames commandées chez Alstom et 159 du constructeur Bombardier sont jugés trop larges pour s’adapter à certains quais. Du coup, une somme colossale devrait être allouée à des travaux de rabotage de plusieurs gares. 1300 des 8700 existantes en seraient concernées et les travaux ont même déjà commencé pour 300 d’entres elles. L’ensemble de ce vaste chantier nécessitera au total le déblocage de 50 millions d’€.
L’hebdomadaire Canard Enchaîné, à l’origine de la révélation, affirme pourtant que " le RFF a déjà débloqué d’urgence 80 millions ". S’attendant à des " notes beaucoup plus salées ", ce dernier prévoirait de mobiliser les régions, lesquelles ont déjà fait savoir leur position.
Le socialiste Alain Rousset, président de l’association des régions de France, renvoie la responsabilité au gestionnaire d’infrastructure. " Nous refusons de verser un seul centime sur cette réparation ", s’emporte-t-il.
Du côté du RFF, on tente de relativiser les faits. Concernant les élargissements que la mise en circulation de ces nouveaux TER exige, le porte-parole de Réseau ferré de France, Christophe Piednoël, explique : " C’est comme si vous achetiez une Ferrari que vous vouliez rentrer dans votre garage et vous vous rendez compte que votre garage n’a pas exactement la taille pour accueillir une Ferrari parce que vous n’aviez pas de Ferrari avant ".
Dans un entretien sur France Info, il reconnaît finalement qu’il y a véritablement un problème mais que celui-ci a été découvert " un peu tardivement ". " On fait notre mea culpa ", dit-il sur des propos repris par Libération.
Il ne s’agit pas cependant d’ " une boulette ", souligne plus tard sur Europe 1 le président du RFF. " Quand on achète une voiture, on peut avoir des travaux d’adaptation à faire chez soi pour la faire entrer où on doit la faire entrer ", se défend-t-il.
Pour rassurer l’opinion, il promet que " le coût des travaux pour adapter ces 1 300 quais n’aura aucun impact, ni sur les voyageurs, ni sur les prix du billet, ni sur les contribuables ".
Au sein de la sphère politique, les réactions fusent de partout. Le secrétaire d’Etat en charge des transports, Frédéric Cuvillier, qualifie la situation de " rocambolesque " et " comiquement dramatique ". Sur LCI, la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal , condamnes " des erreurs invraisemblables qui prouvent simplement qu’il y a des gens dans les bureaux parisiens qui sont beaucoup trop éloignés des réalités du terrain ".
De son côté, Jean-Christophe Cambadélis, le n°1 socialiste, pointe les dirigeants de la SNCF et RFF. " Franchement, on ne comprendrait pas qu’ils restent tranquillement à regarder passer les trains ". Il estime, par ailleurs, que " l’Etat devra lui aussi prendre ses responsabilités et en tirer toutes les conclusions " . " Les choses devraient être simples : quand il y a une telle erreur qui coûte tellement d’argent, on en tire les conséquences ", commente-t-il.
Devant l’ampleur de la catastrophe, si on peut la qualifier ainsi, la commission du développement durable de l’Assemblée nationale se saisit de l’affaire. Sur initiative du député UMP Jean-Marie Sermier, une audition commune des deux patrons de la SNCF-RFF, Guillaume Pepy et Jacques Rapoport, sera programmée " dans les plus brefs délais ", annonce le socialiste Jean-Paul Chanteguet sur Libération.