Le président du Medef Pierre Gattaz se retrouve au cœur d’une vive polémique pour avoir proposé un salaire inférieur au Smic afin de promouvoir l’emploi des jeunes. Laurence Parisot pointe "une logique esclavagiste".
La polémique autour du
Smic jeunes reprend de plus belle. Le
patron du Medef Pierre Gattaz a proposé mardi 15 avril de mettre en place un salaire "transitoire", inférieur au Smic actuel, afin de booster l’embauche des jeunes.
L’idée est d’"avoir temporairement un système permettant la première année" à "un jeune ou quelqu’un qui ne trouve pas de travail, de rentrer dans l’entreprise de façon transitoire avec un salaire adapté, qui ne serait pas forcément le salaire du Smic", explique le patron des patrons, qui s’attire les foudres des partenaires sociaux, du gouvernement, et même de l’ancienne présidente de l’organisation patronale Laurence Parisot.
Le Smic jeunes de Pierre Gattaz dont le montant est fixé en dessous de 1 445 euros bruts mensuels ravive un vieux débat sur le Contrat d’insertion professionnelle (CIP) d’Edouard Balladur en 1994 et le Contrat première embauche (CPE) de Dominique de Villepin en 2006, des chantiers hautement impopulaires que la droite avait dû abandonner par le passé.
Avec l’instauration de ce Smic intermédiaire, "on rentre dans la provocation et l’indécence, c’est inacceptable", réagit sur i-Télé le leader de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly.
"Avec le Smic transitoire, Pierre Gattaz ressort une idée du passé. Visiblement les mauvaises idées ne sont jamais transitoires", fustige sur son compte Twitter le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
Du côté du gouvernement, la réaction de la ministre de la Jeunesse Najat Vallaud-Belkacem, a été claire et nette : "Smic Jeunes : nous y sommes bien sûr fermement opposés. Le sujet de l’emploi des jeunes mérite mieux. Je verrai P. Gattaz pour lui en parler".
Contre toute attente, l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot prend ses distances vis-à-vis de Pierre Gattaz, qualifiant la proposition de son successeur comme "une logique esclavagiste" : "Proposer un salaire en dessous du Smic s’apparente à une logique esclavagiste", écrit-elle dans un tweet. "Ceux qui préconisent un salaire en dessous du Smic pour favoriser l’emploi font une erreur d’analyse sur les véritables causes du chômage", insiste-t-elle.