Ce vendredi 15 octobre marque la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal. Cathy Laurens, plus connue sous son nom de photographe Ktymini, est une photographe professionnelle du sud. Avec l’association Souvenange, elle prend des photos d’enfants qui ont perdu la vie avant ou peu après leur naissance pour que les parents et les proches ne les oublient pas.
C’est une douleur, un drame intime, souvent tabou. La perte d’un enfant avant la naissance ou dans sa première année. Un deuil complexe abordé ce vendredi à l’occasion de la Journée mondiale du deuil périnatal.
Cathy Laurens, photographe professionnelle à la retraite, travaille avec l’association Souvenange depuis 6 ans. Elle souligne l’importance pour les parents d’avoir un souvenir, une photo de leur bébé qui ne les accompagnera jamais à la maison. "Ça sera le seul moment de leur vie où ils pourront avoir une photo. Après, c’est terminé, il n’y a plus rien. C’est important que les parents gardent un souvenir de leur enfant en mémoire, parce que les parents ont peur d’oublier. Oublier l’odeur. Oublier à quoi ressemblait leur bébé", explique-t-elle.
Souvent, les parents ont des photos médicales qui sont trop souvent déshumanisées, regrette Cathy Laurens. "Ce sont des photos qui ne sont pas faites dans le but d’être montrées. Généralement, elles sont plus dures. Ce sont des photos qu’ils ne partagent pas", poursuit-elle.
Le but avec l’association Souvenange est de faire des portraits plus doux "comme on le fait avec des nouveaux-nés". Des photos que les parents peuvent montrer à leurs proches. "Ils peuvent montrer l’existence de cet enfant. Généralement, l’enfant nouveau né n’existe pas, parce qu’on ne l’a pas vu. Les parents ont besoin de faire vivre ces enfants-là", dit celle qui a perdu un bébé il y a 29 ans.
D’ailleurs, la photographe pense que les mentalités ont évolué depuis. A l’époque, le deuil périnatal n’existait même pas, dit-elle. "Je veux que ça bouge et que ça continue à bouger. A cette époque, ils étaient considérés comme des déchets humains, des embryons. Il n’y avait aucune considération de la douleur qu’on pouvait ressentir en tant que parent."
Désormais, un embryon de 22 semaines est considéré et peut être nommé et mis sur le livret de famille des parents. "Pour un parent, il n’y a rien de plus dur que de s’apercevoir qu’un enfant n’a jamais existé. Par ces photos, on les fait revivre en quelque sorte. On aime bien avoir des photos des gens qu’on aime", souligne-t-elle.
En France, plus de 900 parents ont été accompagnés pour que leurs bébés qui sont décédés soient pris en photos en France, incluant la Réunion. "Le tabou se lève graduellement. Les parents ont besoin d’en parler", croit-elle. Depuis le début de l’année, elle est intervenue 21 fois avec le CHU Sud.
Jusqu’au 26 novembre, une exposition de la photographe aura lieu au CHU Sud en collaboration avec l’association Nos tout petits de La Réunion accompagne des parents endeuillés. Il ne s’agira pas de photos de nouveaux-nés, trop intimes pour être exposées, mais de tatouages que des parents se sont faits en hommage à leurs petits anges. "Beaucoup de parents se font tatouer à la perte d’un enfant. C’est une façon de parler du deuil à travers leurs tatouages", conclut-elle.