La commission nationale d’investiture des Républicains a voté mercredi soir l’éviction de Nadine Morano de la tête de liste en Meurthe-et-Moselle pour les régionales. Une décision largement controversée dans le parti de droite.
Alors que Nadine Morano s’est refusée jusqu’à la fin de rédiger la lettre de regrets réclamée par Nicolas Sarkozy, la commission nationale d’investiture des Républicains a voté mercredi à l’unanimité l’éviction de l’ancienne ministre de la tête de liste en Meurthe-et-Moselle pour les régionales. Seuls Jean-François Copé, Michèle Alliot-Marie et Michel Terrot se sont abstenus lors du vote.
La fameuse lettre de Philippe Richert
Avec cette expulsion, Nadine Morano sera remplacée par l’ex-députée du département Valérie Debord qui est passée de la troisième à la première place sur la liste. C’est la lettre de Philippe Richert qui a mis fin au suspense avant même la réunion de la commission des investitures. La lettre, remise en mains propres à Nicolas Sarkozy, mentionnait que tous les signataires présenteraient leur démission si Nadine Morano était confirmée en Meurthe-et-Moselle. Qu’elle s’excuse ou pas, le président des Républicains a mis les choses au clair : "je ne proposerai pas la candidature de Nadine Morano. La France n’est pas une race. Si certains le pensent, ils se sont trompés de parti."
Défendre les intérêts de la droite
L’ancien président de la République considère qu’il a agi au mieux pour les intérêts de la droite. Il a reconnu que l’interdiction d’investiture de Morano provoquerait du trouble mais il préfère affronter une "crise passagère et investir à long terme", rapporte Le Figaro. "Il y avait une demande d’autorité dans le parti. J’ai agi. Les gens m’en sont reconnaissants. J’irai en Meurthe-et-Moselle expliquer ma décision", a-t-il précisé.
La révolte dans la droite
Dans le parti, la situation est sous le signe de la révolte contre le traitement réservé à Nadine Morano et les parlementaires rentrés de leur circonscription depuis lundi sont consternés. "Mes électeurs m’en parlent tous les jours. Ils me demandent ce que Morano a fait de mal en disant, comme de Gaulle, que la France est un pays de race blanche et franchement, je ne sais pas quoi leur répondre", a confié Philippe Vitel, député du Var. De son côté, Pierre Morel-à-L’Huissier dans le Lozère salue la ténacité de l’ex-ministre tandis qu’Arlette Grosskost dans le Haut-Rhin s’indigne de cette sortie malheureuse. "Elle ne méritait pas qu’on lui enlève sa tête de liste", a-t-elle ajouté.
Le parti est "au bord de la rupture"
Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire ou, encore, Xavier Bertrand ont également leur mot à dire dans cette polémique. Les deux anciens premiers ministres n’ont pas voulu jouer les "coupeurs de tête". Fillon est allé jusqu’à dénoncer "un procès en sorcellerie", mercredi sur France 5. L’ancien ministre de l’Agriculture et la tête de liste en Nord-Pas-de-Calais-Picardie étaient favorables au retrait de l’investiture de Nadine Morano. Seul Jean-Pierre Raffarin a essayé jusqu’au bout de réconcilier toutes les parties en conflit mais son initiative n’a abouti à rien. Un parlementaire aguerri a déclaré que le parti est "au bord de la rupture" en évoquant la guerre Copé-Fillon ainsi que l’affaire Morano qui selon lui n’est que le dernier avatar.
En savoir plus sur Le Figaro