La ministre du Travail Muriel Pénicaud est l’invitée du 19h d’Antenne Réunion.
Pour parler entre autres de la mobilisation des gilets jaunes, la ministre du Travail est sur le plateau d’Antenne Réunion. Muriel Pénicaud est en visite sur notre île depuis jeudi.
"On peut comprendre la colère, en France on a le droit de manifester, c’est une démocratie. Mais par contre la libre circulation c’est aussi un droit. Il ne faudrait pas que les services d’urgence soient gênés dans leurs déplacements, ça c’est interdit par la loi, car il faut protéger tous les citoyens."
"Attention aussi, des casseurs pourraient aussi s’infiltrer et présenter un risque pour les autres manifestants. On peut manifester, mais dans le calme et l’ordre et ne pas se laisser déborder par certains qui voudraient profiter pour d’autres fins."
"Sur le fond, il faut évoluer par étape, sur quelque chose où on est moins dépendant du pétrole. Ce n’est pas la France qui fixe le prix du pétrole mais les pays producteurs. C’est pour ça que le Premier ministre a annoncé que la prime de conversion pour changer de voiture allait passer à 4 000 euros pour les foyers modestes, 5 000 euros pour un modèle hybride ou électrique, pour aller vers des véhicules qui consomment moins et produisent moins de pollution. Cela sera aussi valable pour les véhicules d’occasion."
La Région Réunion annonce une enveloppe d’aides de 10 millions d’euros pour les familles les plus modestes, une démarche vue positivement par la ministre.
"Je salue l’initiative du président de Région Didier Robert. C’est une compétence des Régions, qui sont chargées de la mobilité. C’est normal que les Régions – c’est la deuxième Région de France- prennent des initiatives dans ce domaine. L’aide que fera la Région, il n’y aura pas de charge sociale, ni d’impôt dessus pour que ce soit une aide pleine et entière."
Muriel Pénicaud s’est rendue à l’agence Pôle emploi de Saint-Joseph ce vendredi matin où un agent gère en moyenne 350 demandeurs d’emploi. Le service est jugé inefficace par certains.
Une critique que la ministre juge injuste : "J’ai vu des gens très engagés à Pôle emploi et des entreprises qui disaient toutes des choses très positives sur la manière dont Pôle emploi les avaient aidées. A La Réunion, 75 % des entreprises et 75 % des demandeurs d’emplois sont satisfaits. L’an dernier, Pôle emploi a permis à 70 000 demandeurs d’emplois de trouver un travail. Même si ce n’est jamais parfait et on ne peut jamais être complètement satisfait quand on lutte contre le chômage de masse, mais Pôle emploi a tout mon soutien."
"Je suis favorable pour le maintien dans l’emploi et même le réaccès à l’emploi des seniors. Dans les chantiers et entreprises d’insertion, il y a des gens de tout âge. On fera plusieurs métiers dans notre vie et à tout âge on peut se former. Il faut arrêter de penser qu’on a 50 ans on ne peut pas se former. Dans la loi “Avenir professionnel”, on va donner à tout le monde les moyens de se former tout au long de sa vie", indique-t-elle.
Les organisations patronales que Muriel Pénicaud a rencontré jeudi sont en désaccord avec la suppression des aides économiques prévue dans le projet de loi de finances 2019. Elles redoutent une augmentation du coût du travail. Muriel Pénicaud explique que "la loi de finances a prévu une exonération totale des charges patronales au niveau du Smic et progressive jusqu’à 1,6 fois le Smic. Cela veut dire qu’on baisse le coût du travail pour les employeurs sans diminuer les droits des salariés, car on supprime aussi les cotisations assurance chômage et maladie, qui sont payées par l’État et l’impôt. Ce qui permet une augmentation moyenne de 300 euros par an pour quelqu’un qui est au Smic."
Lorsque l’on est situé à côté de territoires comme Madagascar ou l’île Maurice, où le coût du travail est forcément beaucoup moins élevé qu’à La Réunion, les entreprises réunionnaises ont du mal à être compétitives.
"Dans le modèle social français, personne ne veut que le Smic soit quatre fois moins important qu’aujourd’hui. On ne peut pas être en compétition avec des pays qui font le low cost. Ce n’est pas le modèle social. Personne n’accepterai tout comme moi que l’on sous-paye les salariés en France. On peut gagner la compétition pour l’innovation. Pour moi, La Réunion a une vocation extraordinaire, être le vaisseau-amiral pour la conquête économique dans l’océan Indien."
La ministre a annoncé hier le maintien des 11 000 contrats aidés pour 2019. Ils sont devenus des PEC pour Parcours Emploi Compétences.
"On n’a jamais supprimé les contrats aidés, mais on les a transformé en Pec. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus qualitatif. Il y en a 11 000 en 2018 et autant en 2019. Le dispositif va continuer dans les années qui viennent, mais ce n’est pas une situation miracle."