Si aujourd’hui il existe tout sorte de café (court, allongé, décaféiné, au lait, ...), nos gramounes sont d’accord pour dire que le meilleur est le café "lontan". Un avis que partage Jean Baptiste, un octogénaire de Trois Bassins.
A l’ère où le café est "accessible" et adapté à tous les goûts, la production artisanale reste un patrimoine de la culture réunionnaise qui malheureusement, est de moins en moins répandu. Jean-Baptiste, 80 ans, vit à Trois Bassins et est un adepte du kafé lontan.
Pendant plus de quarante ans, Jean-Baptiste n’a consommé que du café provenant de sa cour. "À l’époque, j’avais une grande plantation de café sur mon terrain. J’avais vu un plant qui allait être détruit à Saint-Denis, là où je travaillais. Alors, je l’ai pris et je l’ai planté dans mon champ", raconte-t-il.
Les formations agricoles n’existant pas à l’époque, c’est seul que le Trois-Bassinois a appris à planter, à s’occuper et à produire son café. "En général, je ramassais les grains vers juin - juillet, quand ils étaient bien roses. Ensuite, je les faisais sécher au soleil et griller dans une marmite au feu de bois."
Par la suite, Jean Baptiste raconte qu’il réduisait sa récolte grillée en poudre grâce à un moulin. Au moment de faire couler le café, le gramoune déclare : "je faisais du "café monté" dans un "greg". Il y avait trois compartiments : un tout en haut pour recueillir le café, un au milieu pour mettre la poudre et, en-dessous, un autre où il y avait de l’eau. Il fallait mettre le greg sur le feu et quand l’eau bouillait, elle montait se mélanger avec la poudre et arrivait dans la partie en haut."
Marie, une de ses petites filles, évoque ses souvenirs : "Quand j’étais petite, je jouais souvent avec le moulin sans vraiment savoir l’histoire qu’il y avait derrière. Un jour, Papi m’a montré comment il faisait et j’ai trouvé ça super intéressant. Tous les matins l’odeur embaumait la maison. Il était content de faire ça et les gens qui le visitaient aussi, parce qu’il en donnait à chaque visite."
Si aujourd’hui l’octogénaire n’est plus en capacité de faire son café lui-même, les souvenirs sont toujours présents et son avis sur celui-ci reste la même : "Kafé lontan té méyèr !"
Gaëlle LHONNEUR