Le député David Lorion interpelle avec les autres parlementaires de La Réunion le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur la situation des petits commerces à La Réunion. Ils subissent de plein fouet les conséquences de la crise et du déconfinement, et sont selon le député Républicain de plus en plus concurrencés par les plateforme de e-commerce. Nous publions les revendications des députés de La Réunion.
"Nombre de petits commerçants regroupés au sein de plusieurs associations nous ont fait part de leur désarroi et de leurs vives inquiétudes quant à la continuité de leurs activités. L’INSEE évalue à 28% la baisse de l’activité économique réunionnaise et à 23%, celle de notre secteur marchand (hors hôtellerie et restauration). Ces chiffres préoccupants montrent l’urgence d’un plan spécifique pour accompagner les petits commerçants de l’Ile", écrivent les députés de La Réunion dans leur courrier adressé à Bruno Le Maire.
"La situation est très grave sur le plan de l’emploi", affirme David Lorion, député de La Réunion. "Au fur et à mesure, les petits commerces sont concurrencés par les grandes surfaces, mais aussi par les plateforme de e-commerce qui font venir toutes ces marchandises et qui réduisent l’emploi à La Réunion", précise le parlementaire, qui alerte également sur le manque de fret importé pendant la crise. "Il y a aujourd’hui un problème supplémentaire de fret. Ces petits commerces n’arrivent plus à trouver les moyens de faire venir les marchandises pour renflouer leurs commerces et donc ils sont dans une situation de concurrence extrême, avec une difficulté économique liée à cette crise".
Alertés par un collectif des associations de commerçants de la Réunion, les parlementaires ont souhaité saisir les autorités de l’Etat sur la situation de crise des petits commerces, des commerçants et de leurs salariés.
La reprise de la vie économique est difficile pour les acteurs de ce secteur d’activité, qui représente 22 000 établissements, et compte 27 000 emplois, dont 22 000 salariés.
Les résultats statistiques de l’étude du CEROM (Iedom, Afd, Insee) qui vient d’être publiée explicite la catastrophe économique : baisse d’activité générale de plus de 28%, mais 60% pour les commerces, plus importante à la Réunion que dans l’hexagone. C’est le secteur du commerce qui contribue malheureusement le plus (-6points) à la baisse du PIB. Il y donc aujourd’hui de fortes craintes sur la pérennisation de 27 000 emplois.
La situation de crise est renforcée par celle de l’insuffisance majeure du fret aérien en marchandises diverses, qui est passé de 450 tonnes/ semaine à 100 tonnes/semaine hors produits sanitaires et réacheminement vers Mayotte, soit 1⁄4 seulement des anciennes quantités.
A cela s’ajoute un doublement du prix à la tonne par les transporteurs. Naturellement, quelle reprise du commerce sans produits à vendre ?
Directement confronté à la concurrence des centres commerciaux et du e-commerce, le petit commerce qui n’est pas une activité comme les autres, c’est :
- Un secteur très pourvoyeur d’emploi, y compris pour les formations en alternance de nos jeunes ;
- Une activité indispensable à la fréquentation et à l’animation sociale de nos centre villes et centre
bourgs ;
- Une action de contacts personnalisés, de proximité, de conseils, l’indispensable diversité des commerces pour répondre aux besoins spécifiques et spécialisés des Réunionnais.
Monsieur le Ministre, la situation est grave et le petit commerce, qu’il soit traditionnel ou forain, a besoin d’un soutien fort et ciblé de la part de l’Etat. Aussi, nous souhaitons vous solliciter pour la mise en place d’un plan de sauvegarde spécifique visant à prolonger les aides existantes mais aussi à envisager de nouvelles mesures sur le court et moyen terme.
Ce plan pourrait se décliner en 12 points :
1. Annuler le paiement des loyers commerciaux correspondant à la période de fermeture obligatoire entre le 16 mars et le 11 mai pour les petits commerçants et envisager en contrepartie une aide fiscale spécifique aux bailleurs.
2. Obtenir une aide d’urgence pour des équipements barrières cumulable avec le FSN (les masques, les solutions hydroalcooliques et le Plexiglas)
3. Prolonger les volets du FSN et du FSR jusqu’à la fin de l’année 2020.
4. Prolonger le dispositif exceptionnel d’activité partielle jusqu’à minima la fin de l’état d’urgence sanitaire et permettre un paiement direct des indemnités aux salariés par un opérateur public.
5. Permettre un accès simplifié aux chèques numériques pour les commerçants.
6. Annuler les dettes sociales et fiscales de mars à juin 2020 de tous les commerces fermés pendant cette période.
7. Mobiliser les assurances pour obtenir une indemnisation des pertes de chiffre d’affaires le temps de la fermeture.
8. Favoriser l’acheminement des marchandises pour les professionnels en diminuant le coût du fret aérien qui a beaucoup augmenté pendant cette crise sanitaire et accroitre le nombre de rotations d’avions cargo.
9. Contenir la concurrence des sites de e-commerces par une hausse de taxation.
10. Envisager une réouverture rapide des restaurants, bars, cafés et des possibilités de fête foraine en respectant naturellement tous les gestes barrière et la distanciation sociale.
11. Étendre les zones franches d’activité nouvelle génération (ZFANG) à toutes les activités, notamment commerciales, au 1er janvier 2021 pour une durée de 5 ans.
12. Assouplir les modalités de partages d’espaces dans certains métiers (coiffure, esthétique, onglerie, massage...) afin de diminuer les charges fixes de chacun.
Nous vous remercions par avance de toutes les mesures que vous voudrez bien prendre pour sauver ce secteur important pour l’économie réunionnaise, pour la vitalité de nos centres-villes et l’emploi.