L’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International estime que les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence en France ont été utilisées de manière abusive pour restreindre les manifestations pacifiques. Elle dénonce aussi les violences attribuées aux forces de l’ordre.
L’état d’urgence a été décrété en France au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Selon l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty International, les mesures prises ont été appliquées en dehors du cadre de la lutte contre le terrorisme. Elle dénonce la répression, qu’elle juge abusive, des manifestations pacifiques.
Selon Marco Perolini, spécialiste de la France à Amnesty International, des dizaines de manifestations ont été interdites par les autorités françaises au nom de la prévention de l’ordre public. Le chercheur étaie sa déclaration en rappelant que 155 arrêtés interdisant les rassemblements publics ont été pris entre le mois de novembre 2015 et le 5 mai 2017.
Amnesty International avance que le ministère de l’Intérieur a pris 639 mesures pour interdire à certaines personnes bien identifiées de se rendre à des manifestations. Selon l’ONG, sur ces mesures, 574 ont visé des personnes manifestant contre la loi Travail.
Le gouvernement français motive l’interdiction de manifestations par le manque d’effectifs nécessaires pour assurer le maintien de l’ordre. L’argument est contesté par Amnesty International qui avance que "l’utilisation de stratégies mobilisant des ressources policières considérables pour confiner des manifestants pacifiques remet en cause cette explication".
Amnesty International dénonce également les violences subies par les manifestants. Selon l’ONG, les forces de l’ordre ont utilisé des matraques, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène contre des manifestants pacifiques qui ne semblaient pas menacer l’ordre public. Elle cite notamment le cas d’un homme de 47 ans qui a perdu un œil à cause de l’explosion d’une grenade tirée par un policier à Paris, alors qu’il se trouvait en dehors d’un rassemblement.
Par conséquent, Amnesty International demande au gouvernement de lever l’état d’urgence qui a été prolongé cinq fois depuis le 13 novembre 2015, "à moins qu’il ne soit en mesure de prouver qu’un danger public menace la vie de la nation". La proposition a peu de chance d’être entendue, car le président de la République Emmanuel Macron envisage de le maintenir après l’attentat de Manchester.
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