Après plusieurs jours de contestation sociale inédite en Tunisie, une première nuit de couvre-feu a été décrétée vendredi 22 janvier sur tout le territoire.
Les autorités tunisiennes ont décrété vendredi un couvre-feu sur tout le territoire de 20h00 à 5h00, heure locale. Cette décision a été prise compte tenu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et afin d’assurer la sécurité de la patrie et des citoyens, a expliqué le ministère de l’Intérieur.
Des actes de pillages et de saccages
Alors que les manifestations contre la misère et pour la justice sociale se sont multipliées en Tunisie ces derniers jours, la situation s’est vue s’empirer. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des actes de "pillages" et de "saccages" ont été recensés à Cité Ettadhamen, un quartier populaire du Grand Tunis menant à l’arrestation de 16 personnes, selon les autorités. De surcroît, deux magasins ainsi qu’une agence bancaire ont été pillés. A l’échelle nationale, au moins trois postes de police ont été la cible d’une attaque et 42 membres des forces de l’ordre ont été blessés au cours des dernières 24 heures, a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur tunisien, Walid Louguini. Afin d’assurer la protection des institutions publiques mais aussi des institutions privées sensibles, des unités supplémentaires de l’armée ont été mobilisées en renfort dans tous les gouvernorats.
La France octroie un plan de soutien à la Tunisie
Le chef de l’Etat François Hollande, qui a reçu vendredi à Paris le Premier ministre tunisien Habib Essid, a annoncé un plan de soutien à la Tunisie. Il s’agit d’une somme d’un milliard d’euros sur les cinq prochaines années. Cette aide servira notamment "à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l’accent sur l’emploi", rapporte 20 Minutes. De son côté, le président de la Tunisie Béji Caïd Essebsi a appelé le gouvernement vendredi soir à élaborer un plan contre le chômage car "il n’y a pas de dignité sans emploi", a-t-il indiqué.
La crise sociale la plus grave depuis 2011
Les tensions sociales en Tunisie ont commencé samedi dernier à Kasserine, après la mort de Ridha Yahyaoui, un chômeur de 28 ans, électrocuté après être monté sur un poteau. Il avait protesté avec d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique. La contestation s’est répandue très rapidement et l’analyste indépendant Selim Kharrat a assuré qu’il s’agissait de la crise sociale la plus grave depuis 2011. De nombreuses organisations, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et Oxfam, ont lancé un appel pour "l’adoption d’un modèle" visant à réduire les disparités régionales et les inégalités sociale, en partageant leur "déception" face à l’inaction des différents gouvernements.
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