Omar Sy : "Je suis une exception et je me sens bien seul"

Omar Sy évoque le personnage de Chocolat, un clown noir qu’il interprète dans le film éponyme de Roschdy Zem dans un entretien exclusif accordé au Journal du dimanche. Sa vie est désormais à cheval entre les États-Unis et la France. Le héros de l’histoire est le premier artiste noir devenu célèbre à la Belle Époque, avant de retomber dans la misère et l’oubli.

Omar Sy explique d’abord pourquoi la vie du clown Chocolat reste méconnue, affirmant que c’était exactement la première question qu’il s’était posée quand il a lu le scénario. Qui était Rafael Padilla, le vrai nom du clown Chocolat ? Le comédien assure n’avoir toujours pas la réponse malgré toutes les informations qu’il a pu glaner. Il pense que c’est peut-être à cause de la guerre, ou encore le racisme ambiant à l’époque.

Cela dit, Omar Sy affirme avoir été surpris par la popularité de Chocolat, qui affichait des signes ostentatoires de richesse, de célébrité et d’intégration : une automobile, une statue au musée Grévin et même un certain succès auprès des femmes.

Omar Sy raconte que le clown Chocolat a revisité avec son comparse Footit le concept de l’auguste et du clown, la base de tous les duos comiques. Il raconte aussi le parcours de son personnage : "Chocolat n’a jamais cessé de se battre pour être libre de ses choix. Jusqu’à causer en partie sa propre perte, car il avait aussi des dettes de jeu. On a voulu le mettre en cage, l’humilier, lui faire courber l’échine. Mais sa conscience politique s’est éveillée. À lui tout seul, il est une révolution".

À propos du travail de l’expression corporelle avec James Thiérrée, son binôme dans le film, Omar Sy raconte s’être retiré pendant un mois pour apprendre les numéros. "On a fait connaissance avec de la sueur, de la douleur et des tensions aussi. Mon regard sur le cirque a changé. Au contact de James, j’ai découvert un monde festif et coloré, fait de grandeur et d’exubérance", poursuit le comédien.

Pour Omar Sy, le film a une valeur pédagogique à partir du moment où il traire de l’Histoire. Il pense que la réhabilitation du clown Chocolat est importante. "Il a ouvert des brèches, mais on les a colmatées derrière lui", se désole celui qui était le premier comédien français noir à être aussi populaire : "Je suis une exception et je me sens bien seul", soupire-t-il.