La tension monte d’un ton entre Manuel Valls et l’aile gauche du PS après l’utilisation par le premier ministre de l’article 49-3 sur la loi Macron et notamment à l’approche du congrès du parti en juin.
La pression est au rendez-vous dans le camp des socialistes.
L’utilisation de l’article 49-3
La tension entre députés frondeurs et légitimistes a atteint un niveau sans précédent depuis le début du quinquennat après l’utilisation par Manuel Valls mardi de l’article 49-3 pour faire passer la loi Macron. Des frondeurs ont même murmuré à haute voix "la démission du premier ministre". Il s’agit d’une option mais ce n’est pas la seule, a menacé Christian Paul quand Laurent Baumel assurait qu’une telle perspective ne lui dérangeait pas. L’affrontement aura lieu à Poitiers, début juin, dans le cadre du congrès du Parti Socialiste. Alors que l’exécutif était persuadé de ne plus avoir à faire avec les frondeurs après les attaques terroristes de janvier, il a tout faux.
La riposte s’organise au gouvernement
L’affront de la menace du vote contre la loi Macron a amené le gouvernement à organiser la riposte. Si elle est surtout verbale, Bruno Le Roux a déjà étalé un large de mesures de rétorsion contre les frondeurs depuis le début du quinquennat. Pour Juliette Méadel, porte-parole du PS, l’ouverture d’un débat sur la façon dont "on peut accepter ou non la déloyauté dans notre parti est nécessaire. Il faudra poser la question aux militants".
Le reste des députés déjà suffisamment énervés par les frondeurs veut en finir avec eux. "Ce groupe-là représente un peu moins de 10 % de la majorité et persiste dans son opposition au pouvoir", s’est à son tour agacé Thierry Mandon, le secrétaire d’État à la Réforme de l’État. Des propos qui visent particulièrement Benoît Hamon, l’ancien ministre de l’Éducation qui a provoqué l’offensive contre la loi Macron dimanche soir en affirmant qu’il voterait contre. Cette disposition a été perçue comme une tentative de reprendre la main sur l’aile gauche du PS qui s’était écartée de lui depuis son passage au gouvernement, sous Jean-Marc Ayrault et également avec Manuel Valls.
Le Congrès de Poitiers
Ce rendez-vous rituel entre socialistes est prévu de longue date et pour ce congrès de Poitiers, les frondeurs et l’aile gauche du PS veulent essayer d’obtenir la majorité dans le parti et dont ils n’ont pas à l’Assemblée nationale. Cette tentative a pour but d’imposer à François Hollande le changement de cap qu’ils ont exigé de lui depuis le début du quinquennat et n’a jamais abouti.
Pour les frondeurs, l’étape primordiale est d’abord un changement de premier ministre. Mais le problème, le vrai problème, provoquant le malaise dans la majorité, c’est la politique menée depuis deux ans et qui "ne produit aucun résultat", rapporte Le Figaro. Un autre dénonce "le caporalisme et l’autoritarisme" du premier ministre avant de prévenir que cela risque vraiment de craquer. "Il y a des députés qui sont prêts à décrocher et à faire bras d’honneur sur bras d’honneur à Manuel Valls" a-t-il ajouté.