La fermeture du sentier de Bois Court a considérablement pénalisé les habitants de Grand-Bassin qui se retrouvent isolés. Les familles dénoncent l’intervention trop lente des autorités.
Si certains parlent de Dumile comme d’un "petit cyclone", pour les familles qui vivent à Grand-Bassin, le système dépressionnaire a été synonyme d’une belle pagaille. Lors du passage du phénomène au plus près des côtes de La Réunion, deux éboulis ont été enregistrés sur le sentier de Bois Court.
Le dernier éboulement en date a tout simplement rendu impraticable le sentier de randonnée, ce même sentier qu’empruntent quotidiennement les habitants de Grand-Bassin pour faire la liaison entre leurs habitations et la ville.
Fermé au public depuis des jours, le sentier de Bois Court n’a pas encore fait l’objet de travaux de réhabilitation. Une raison explique cette situation : le danger omniprésent sur ce sentier.
Une équipe du BRGM - bureau de recherches géologiques et minières - a diligenté des opérations de reconnaissance hier matin. L’organisme public référent pour la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol rendra les conclusions de son expertise demain dans la journée.
Contacté par téléphone, le service communication de l’Office National des Forêts (ONF) se disait tributaire des décisions prises par le BRGM. Alain Fontaine, chargé de communication à l’ONF, assure que la situation des habitants de Grand-Bassin est prise au sérieux mais rappelle que "les ouvriers forestiers ne peuvent être engagés sur un tel chantier de réhabilitation, compte tenu des blocs rocheux instables qui menacent de s’effondrer à tout moment".
Le problème ne date pas d’hier. Plusieurs éboulements plus ou moins importants se sont déjà produits sur le sentier de Bois-Court. En 2010, 170 000 euros avaient été débloqués avec le soutien des collectivités pour permettre des travaux de réfection (pose de filets de protection, gestion de l’évacuation de l’eau, sécurisation de la falaise).
Mais la nature finit toujours par reprendre ses droits et les habitants sont les premières victimes collatérales. Le sentier de Bois Court est considéré comme l’un des sentiers les plus à risque, à La Réunion. Si la Mairie du Tampon a tenu à rassurer les habitants de Grand-Bassin, ces derniers se disent très inquiets pour la suite.
Emilie tient avec son époux une auberge à Grand-Bassin. Cette mère de deux enfants âgés de 6 et 13 ans ne cache pas son angoisse à l’approche de la rentrée scolaire. Et pour cause, elle ne sait pas comment elle va pouvoir rejoindre la ville dimanche.
Bloquée avec ses enfants et son conjoint à Grand-Bassin, elle souligne la galère dans laquelle elle se trouve. Le sentier de Bois Court impraticable, seules deux solutions s’offrent à elle : rejoindre la ville en empruntant le sentier Piton Bleu ou faire appel à l’hélicoptère.
Dans un cas comme dans l’autre, Emilie se sent pénalisée. La mère de famille n’imagine pas un seul instant s’aventurer avec ses enfants sur le sentier Piton Bleu, un sentier très accidenté, et qui s’étend sur près de 7km.
Pour ce qui est de l’hélicoptère, le tarif par personne s’élève en moyenne à 50 euros. Ce qui suppose d’avoir un budget important.
Les conclusions du BRGM sont très attendues. L’ONF attend le feu vert de l’organisme public pour pouvoir lancer les travaux. Les équipes de l’Office National des Forêts devront d’abord dégager la voie pour désenclaver les habitants.
Les familles qui sont privées de monte-charge depuis plusieurs jours espèrent que leur cauchemar prendra bientôt fin car elles sont isolées et sont dans l’impossibilité de se ravitailler.
De la réhabilitation du sentier de Bois Court dépend la reprise de l’activité touristique à Grand-Bassin.