Pour la première fois, les laboratoires Servier et leur fondateur Jacques Servier comparaissent devant la Justice pour "tromperie aggravée" à Nanterre. A la Réunion, près de 400 plaintes ont été déposées et le procès en pénal devrait avoir lieu en 2013.
Après l’affaire du sang contaminé ou encore de l’amiante, c’est le procès d’un des plus grands scandales mis à jour dans le domaine de la Santé qui débute aujourd’hui au tribunal correctionnel de Nanterre. Il y a tout juste un an et demi, la pneumologue brestoise Irène Frachon révélait dans un livre les dommages causés par le médicament le Mediator.
Commercialisé de 1975 à 2009 par les laboratoires Servier, le Mediator, largement détourné comme coupe-faim, est soupçonné d’être à l’origine de la mort de 1320 décès et quelque 3100 hospitalisations pour insuffisance des valves cardiaques, selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée en début février. Certaines estimations encore plus alarmistes font état du décès de près de 2000 patients. Selon l’Agence Française de Sécurité Sanitaire (AFSSAPS), près de 5 millions de personnes ont consommé ce médicament , avec pour certains de graves conséquences sur leur santé.
A la Réunion, les victimes du Mediator se sont également organisées en différents collectifs. Près de 400 personnes ont déposé plainte contre Servier. Le Collectif Médiator de l’Est a cherché à rassembler les personnes susceptibles de souffrir de pathologies liées à leur prise du médicament. Dans l’Ouest de l’île, le Collectif Médiator Réunion Océan Indien a déjà recensé plusieurs centaines de victimes potentielles. Au pénal, le procès concernant les Réunionnais ne devrait pas avoir lieu avant 2013. Une procédure a d’ores et déjà été lancée au civil à la Réunion. Dans ce cadre, des expertises sont en cours pour mettre en évidence les liens entre les pathologies et le Mediator. Les résultats devraient être connus dans les prochains jours.
Le premier procès du scandale Mediator est très suivi à la Réunion et suscite de nombreux espoirs. Ce lundi, les laboratoires Servier à l’origine de la commercialisation du médicament, et leur fondateur Jacques Servier comparaissent pour la première fois pour "tromperie aggravée" devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
Les victimes estiment avoir été "délibérément" trompées sur la composition du Mediator, contenant du Benfluorex, de nature "anorexigène", responsable de la diffusion dans l’organisme de la norfenfluramine, une substance toxique proche de l’amphétamine. Or, ce composant provoque des hypertensions artérielles pulmonaires. Près de 350 personnes ont demandé réparation et les attentes des victimes du Mediator sont colossales. Certains patients ont engagé des frais atteignant jusqu’à 12 000 euros dans leur bataille judiciaire contre Servier.
Dès l’ouverture du procès, les avocats des laboratoires Servier vont chercher à obtenir un renvoi du procès, en déposant deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et une demande d’expertise judiciaire. Considérant cette affaire comme "hautement technique et scientifique", « Il nous apparaît impensable d’être jugés à Nanterre pour des faits tronqués et sur lesquels enquêtent déjà des juges d’instruction extrêmement dynamiques », a déclaré Maître Hervé Témime, concédant la « nécessité d’un procès, mais un seul, complet ».
A l’inverse, les parties civiles misent sur une procédure rapide. Parallèlement, 120 expertises sont toujours en cours actuellement pour tenter de déterminer les liens éventuels entre le développement de certaines pathologies ou certaines maladies et la consommation du Mediator.
Sources : Le Monde -La Dépêche- le Nouvel Observateur