Les spécialistes des primates tirent la sonnette d’alarme sur la disparition progressive des lémuriens malgaches.
Des centaines de lémuriens finissent chaque année dans les marmites à Madagascar. Un phénomène qui s’est accru considérablement depuis que des aurifères clandestins sont venus envahir les forêts du centre est de l’île, habitat naturel de ces primates.
Dans une commune du centre-est de l’île, les gens ont fait des lémuriens un produit de consommation et en mangent près de 1000 kilos chaque année.
« Les gens choisissent d’acheter un lémurien même s’ils préfèrent le goût du plat d’un animal domestique selon nos enquêtes. Car un Indri-Indri pesant dix kilos peut rassasier six à sept personnes même s’il coûte 10 000 Ar (moins de 4€) l’unité, tandis qu’un poulet d’un kilo coûte 6 000Ar (environ 2€). Et ce sont les exploitants aurifères illicites qui constituent les principaux consommateurs »,explique Hanta Julie Razafimanahaka, directeur de Madagasikara Voakajy, un organisme œuvrant dans la protection de la biodiversité.
Selon toujours cette responsable interrogé par nos confrères de Lexpress de Madagascar, les habitants d’une commune localisée dans le district de Moramanga, dans le centre-est, consomment en moyenne chaque année 500 à 1 000 kilos de viande de lémuriens, soit une centaine, toutes espèces confondues.
Pour les captures, les braconniers utilisent un fusil de chasse artisanal et un piège à lémuriens. Jonah Ratsimbazafy, un spécialiste des primates a révèle un fait qui s’est produit tout récemment dans une forêt de l’est. « Une femelle allaitant ses progénitures et accompagnée par son compagnon a été abattue froidement par un chasseur récemment. Les maigres viandes des bébés lémuriens ont été ensuite offertes gratuitement à l’acheteur avec le couple », se désole –t-il.
Cet enseignant chercheur à l’Université d’Antananarivo assure qu’à l’heure actuelle, 15% des lémuriens malgaches sont en voie de disparition alors que 43% de ces espèces demeurent toujours inconnues faute de moyens financiers. Une situation désolante lorsqu’on sait que les lémuriens endémiques de la Grande île constituent 20% de la grande famille des primates répertoriés dans le monde.
Cette grande vulnérabilité des lémuriens est justement au coeur des débats durant l’atelier international de 15 jours qui se déroule actuellement dans la capitale malgache. Une rencontre organisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN/SSC) et qui réunit de nombreux chercheurs et experts en primates œuvrant pour le même objectif : trouver les fonds et moyens nécessaires pour protéger ces espèces animales.
Selon le quotidien en ligne matv.mg, les résolutions qui découleront de cet atelier seront présentées durant la Conférence internationale de l’International Primatological Society (IPS) organisée à Mexico en août prochain.
Source : Lexpress de Madagascar